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SYNOPSIS : Rémy et Sandra n’arrivent pas à avoir d’enfant car ils sont atteints du “Syndrome des Amours Passées”. Pour guérir, il n’y a qu’une seule solution : il doivent recoucher une fois avec tou.te.s leurs ex.
Ann Sirot et Raphaël Balboni, les réalisateurs, depuis leurs débuts, construisent un cinéma hybride et atypique, qui repose sur un jeu d’acteur très spontané, un rythme soutenu en jump cut et une construction narrative organique, élaborée avec beaucoup d’essais filmés. Une vie démente (2020), leur premier long métrage, a été couronné de sept Magritte et récompensé dans de nombreux festivals. Le Syndrome des Amours Passées, leur second long métrage a été présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023 en séance spéciale. On commence par un petit couple tout mignon, où à travers une badine séances photos à deux, c’est déjà toute leur complicité amoureuse qui irradie l’écran. Cette façon de les filmer au plus près, la force du lien qui semble les unir après quelques secondes simplement, décoche avec délice la flèche de l’empathie. Car au-delà de nous les rendre éminemment sympathiques, impossible de ne pas s’identifier à leur façon d’être ensemble. Une histoire dans laquelle on entre de plain-pied puisque très vite s’installe le protocole de faire l’amour avec toutes leurs conquêtes sexuelles passées pour faire tomber l’infertilité présente du couple. C’est un professeur hautement qualifié qui le leur annonce, créant ainsi une induite désopilance au regard du contraste fantasque entre ce diagnostic autant médical que psy et sa conclusion totalement absurde. Sauf que Rémy et Sandra vont se prendre au jeu. Afin de réussir à avoir un enfant, il va donc trivialement falloir se retaper tous ses ex !! « Heureusement vos rapports passés ne sont que consentis… » se réjouit le médecin !! « Allez, on est positifs, hauts les cœurs « poursuit-il, prolongeant l’effet de contraste dans sa plus cinglante fantaisie. C’est tout le film qui va adopter ce ton décalé, cet humour grinçant pour une tendre narration, qui parvient pour autant à s’ancrer dans le réel tout en stimulant en permanence notre imaginaire. C’est du cinéma fantasy, pop, coloré et totalement jubilatoire.

C’est alors la véracité de leur passé amoureux et/ou sexuel (qui ne va pas toujours de pair !!) qui va émerger quand Rémy avait légèrement gonflé les chiffres du nombre de ses soupirantes là où Sandra avait un tantinet euphémisé l’aspect quantitatif de ses performances lointaines !! L’écriture est à couper au couteau. C’est vif, intelligent, tout le temps drôle et incisif. Tout fait sketch et sens à la fois. Rien n’est jamais lourd, tout est hilarant et jouissif dans tous les sens du terme… Si on en prend plein les neurones et les oreilles, on écarquille aussi les yeux car la photographie est baignée d’une vivacité toute en couleurs, en reliefs et en symétrie. C’est alors toute la mise en scène qui nous éclate autant que la foisonnante et inventive narration. Les influences du meilleur de la belgitude sont partout dans le long-métrage.

En allant à la conquête de leurs ex, pour la plus prestigieuse des justifications, à savoir réussir le plus beau projet du monde, c’est alors comme une anthropologie douce-amère de l’intime, qui va venir révéler toute une galerie de personnages dans leur rapport au sexe, qui est forcément un peu le nôtre vu la variété des situations déployées. Des rapports d’adultes mais finalement très immatures dans cette quête sexuelle des amants du passé. Sauf que ce jeu de grands, s’il revêt au départ pour Sandra et Rémy un caractère attrayant et récréatif du fait de son originalité et de sa nouveauté, pourrait bien les perdre dans cette multiplication des plaisirs autant que des confusions.

Lucie Debay et Lazare Gousseau, respectivement Sandra et Rémy sont totalement au diapason et ne font qu’un. La finesse de leurs jeux, l’engagement dans la défense de leurs personnages et la chaleureuse évidence de leur complicité, permettent au Syndrome des amours passées d’être encore plus vivant pour un film dont on se rappellera dès que la lumière se rallume. A noter l’apparition de la géniale Florence Loiret-Caille, toujours plus décalée et avec laquelle chaque apparition est forcément une totale régalade. L’originalité s’effrite à peine sur la durée, tant la douce énergie communicative et lancinante du Syndrome des amours passées nous permet de ne jamais décrocher et même de continuer comme le couple à prendre beaucoup de plaisir !! Pour un dénouement tout en ellipse aussi surprenant que passionnant. Ce film est un véritable bonbon tout doux et sucré à souhait, un monumental vent de fraicheur, qui plus que jamais fait du bien.

Titre original: LE SYNDROME DES AMOURS PASSEES
Réalisé par: Ann Sirot, Raphaël Balboni
Casting: Lucie Debay, Lazare Gousseau, Nora Hamzawi …
Genre: Comédie, Fantastique, Drame
Sortie le: 25 octobre 2023
Distribué par : KMBO
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































