ENTRETIENS

UNE ANNÉE DIFFICILE (Entretien avec Olivier Nakache) : « C’est vraiment la rencontre des gens qui nous intéressent. »

Entretien avec Olivier Nakache entre deux avant-premières qui avec beaucoup de générosité et de spontanéité a répondu à quelques-unes de nos questions. Olivier Nakache et Eric Toledano sont à l’image de leurs films, passionnants d’humanité !!

Photo : Fred Teper

 

Cette idée d’aller sur le champ des actions radicales en lien avec la surconsommation excessive vous est venue comment ? Toujours cette envie de parler de sujets qui sont très peu traités ? De quelle façon le projet a maturé en vous ?

Avant tout ça, ce sont les gens qui nous intéressent, les personnes qui s’engagent, qui agissent et les gens évidemment qui sont en face. On avait envie d’aller à la rencontre des personnes qui veulent rentrer au Black Friday et ceux qui veulent les en empêcher. C’est cette zone de frottement entre les deux qui nous a intéressés. Alors, chacun a au-dessus de la tête un hyper sujet, la précarité, la surconsommation bien sûr, et de l’autre côté, ce sont des jeunes militants activistes qui ont évidemment leur hyper sujet comme la réduction du bilan carbone et l’avenir de la planète. Mais avant tout, c’est vraiment la rencontre des gens qui nous intéressent. On ne s’est jamais dit tient on va faire un film sur ça et sur ça. Ça passe toujours par l’incarnation des hommes.

Il n’y a jamais de cynisme aussi bien pour « Poussin  » et « Lexo  » que pour les membres du groupe radical, mais finalement juste des femmes et des hommes avec leurs failles. Du coup, dans ce choc des contraires, c’est chacun fait bien comme il peut, entre engagement et humanité ? C’est aussi une leçon d’humilité ?

C’est exactement ça. Chacun fait comme il peut, chacun gère ses paradoxes. Quand on est aspiré dans la pyramide du surendettement, on tombe dans cette spirale infernale et comme vous dites très justement, tout ça est très paradoxal et donc très intéressant. Et à l’inverse dans le monde des militants, eux aussi ont leur travers, leurs paradoxes et ça nous donne des personnages riches et intéressants pour essayer d’aller sonder un peu la zone de frottement, c’est là où va se nicher notre comédie. L’envie c’était de faire ce genre de comédies comme nos maîtres italiens tels Ettore Scola, Dino Risi qui arrivaient vraiment à prendre en photo leur époque, et c’est ce qu’on essaye de faire. Je reprendrai aussi L’Aventure c’est l’aventure de Claude Lelouch avec aussi des comédies anglaises, qui nous parlent et qui sont des comédies non pas de l’époque, mais d’époque.

Photo : Fred Teper

 

C’est aussi toute votre affection pour le collectif, la chorale, le solidaire qui résout même l’inextricable. Ensemble on peut tout faire c’est ça ?

Oui, c’est exactement ça. On croit beaucoup au collectif, on croit beaucoup au groupe, à l’énergie, à la stimulation générée par le mot ensemble. Nous, on travaille à deux, on s’est rencontré avec Eric en colonies de vacances, on a été bénévoles dans les mêmes associations et on croit beaucoup à la puissance et à la force de la société civile. C’est vrai qu’on est intéressés par le groupe. On l’a vu dans Samba, dans Nos jours heureux, dans Hors Normes. On aime aller voir ce qu’il y a derrière le rideau. Ces gens-là, ils font ce qu’ils peuvent. Ils sauvent d’autres gens comme on l’a montré dans Hors Normes. Ça nous intéresse et on a envie de mettre en lumière ces gens-là.

On situe Une année difficile dans une promesse d’émotion, d’humour et d’intelligence réunis, votre marque de fabrique. Le message que vous, vous souhaiteriez délivrer au public pour donner envie de voir le film ?

La première chose que je dirai c’est si vous avez envie de vous marrer. Ensuite, on ne veut imposer aucun message, on reste à notre place. Par contre, ce qu’on aime bien, c’est que de temps en temps, on vous met un petit papier dans la poche, et si vous avez envie de le lire après, libre à vous. Et de débattre et d’échanger avec vos parents, vos enfants, là aussi libre à vous. On le voit bien dans l’énorme tournée qu’on vient de faire, que ça génère des débats et notre envie première c’est que les gens se divertissent. On trouve que c’est un formidable médicament de rire dans une salle de cinéma. C’est encore un des derniers lieux de mixité et on adore ça. Et après, on essaye juste de poser les bonnes questions.

Un grand merci Olivier, on a le sourire tout le long du film !!

C’était le but. Merci beaucoup !!

Merci à Marilyn Lours de Gaumont qui a permis à cet entretien de se faire.

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