SYNOPSIS : Inspiré de faits réels, Jeremiah O’Keefe, propriétaire d’un salon funéraire, fait appel au charismatique avocat Willie E. Gary pour sauver l’entreprise familiale lorsque l’affaire tourne au vinaigre. Les esprits s’échauffent et les rires fusent tandis que le duo improbable se lie tout en dénonçant la corruption des entreprises et l’injustice raciale dans cette histoire inspirante et triomphante. 

Le cinéma de 2023 s’est visiblement entiché du film de procès, car après les français Anatomie d’une Chute et Le Procès Goldman, c’est au tour de l’américaine Margaret Betts de raconter l’étonnante histoire de l’avocat Willie E. Gary et du procès contre la Loewen Funeral Company en 1995.  Alignant les talents de Jamie Foxx et de Tommy Lee Jones en tête d’affiche, The Burial raconte l’histoire de Jeremiah O’Keefe, patriarche d’une famille nombreuse et patron d’une franchise locale de services funéraires. Endetté et motivé par l’idée de transmettre tout ce qu’il peut à ses enfants à sa mort, O’Keefe décide de négocier un contrat de vente avec la multinationale Loewen Company. Mais plusieurs mois après leur accord initial, le contrat est resté au beau fixe, dans les tiroirs de Raymond Loewen. Jeremiah décide de l’attaquer en justice, et demande des conseils à ses avocats Mike Allred et Hal Dockins. Ce dernier, en apprenant que le procès aura lieu dans un tribunal du Comté de Hinds majoritairement noir, propose à O’Keefe d’embaucher Willy E. Gary, un avocat noir populaire dont la notoriété de « Tueur de Géants » emmène l’affaire encore plus loin dans ce qu’elle raconte du business funéraire.

Cette histoire d’outsider, de David contre Goliath, d’un avocat un brin showman représentant un patron local vieillissant, sert alors à Maggie Betts de matière extrêmement solide pour bâtir un divertissement à l’américaine typique, mettant en lumière certaines injustices pour sortir le positif en laissant parler ladite justice en fin de parcours. The Burial se fait alors très classique dans son déroulé, manquant même le pas dans une conclusion survolée, mais fournit à son casting l’occasion de briller dans une démonstration judiciaire aussi plaisante qu’elle est intense. En tête de proue, Jamie Foxx sort les costards et les grands mots pour livrer une performance euphorisante dans la peau du flamboyant Willy E. Gary, qui dicte littéralement le rythme du film comme celui du procès. Par son aspect anticonformiste et un brin grande gueule très haut en couleurs, le personnage marque alors le contraste parfait avec l’autre face du long-métrage, le Jeremiah O’Keefe de Tommy Lee Jones, un septuagénaire blanc qui cherche à réparer sa propre injustice avant de se rendre compte qu’il n’est certainement pas le seul à avoir été floué. Le procès prend une dimension politique intéressante lorsque les dynamiques raciales s’immiscent dans le récit. The Burial pose alors efficacement son contexte et ses enjeux, bien qu’il ne cherche pas à répondre à toutes ses questions ni à élever le niveau très haut, préférant rester un combat verbal au rythme soutenu par une bande originale savoureuse qui suinte les 90’s par tous les pores.

Le casting se densifie par les performances d’Alan Ruck (le Connor de Succession, ici pas si loin du Connor de Succession) et de Mamoudou Athie, tous les deux intrigants dans leurs confrontations thématiques, chacun incarnant une facette différente de l’Amérique. Le film dispose aussi du talent de Jurnee Smollett dans le rôle de Mame Downes, avocate de la défense prometteuse et redoutable, offrant un antagonisme et un miroir assez intelligent à Gary lors des séquences à la barre. Car The Burial se dote d’une dynamique maligne, entre des personnages hauts en couleurs, un rythme très maîtrisé et une attachante suite d’évènements développant le rapprochement humain de Willy E. Gary et Jeremiah O’Keefe que tout oppose pourtant en apparences.

Maggie Betts signe une mise en scène sobre mais efficace dans l’imagerie qu’elle fait de son casting très en forme, adaptant le fait réel derrière la fiction pour en extraire l’humanité et le désir de justice d’outsiders broyés par un mastodonte capitaliste qui voit le profit à la place de communautés endeuillées. The Burial, bien que très classique et sans grande profondeur, reste un divertissement satisfaisant et plaisant du début à la fin, diffusant à la place d’une grande ambition formelle une envie honnête de filmer l’enterrement éponyme d’un système économique qui multiplie les injustices en faisant la sourde oreille.

Titre Original: THE BURIAL