![]()

SYNOPSIS : Désormais dans la clandestinité, Assane doit apprendre à vivre loin de sa femme et de son fils. Face aux souffrances qu’ils endurent par sa faute, Assane n’y tient plus et décide de revenir à Paris pour leur faire une proposition un peu folle: quitter la France et démarrer une autre vie ailleurs. Mais les fantômes du passé ne sont jamais bien loin, et un retour inattendu va chambouler tout son plan…
Troisième tour de piste pour Omar Sy, qui se glisse à nouveau dans les habits du Gentleman Cambrioleur le plus notoire de France et de Navarre pour Netflix. Fort d’une popularité grandissante, notamment à l’étranger où le programme est vite devenu l’une des œuvres non-anglophones les plus regardées de la plateforme, Lupin s’est taillé la part du lion au milieu de l’arène grâce aux aventures modernisées des écrits de Maurice Leblanc. Propulsé par sa tête d’affiche – Sy y interprétant l’insaisissable Assane Diop, digne héritier d’Arsène Lupin – et par une écriture qui doit son fort succès à ses excès de zèle et à l’efficacité de ses cambriolages grandiloquents, la série de George Kay et François Uzan refait surface en cette rentrée 2023 sur Netflix, avec une troisième partie qui repositionne ses pions pour ouvrir une nouvelle page des tribulations de son héros.J
La deuxième partie s’étant fermée sur l’arrestation de Hubert Pellegrini – ennemi juré issu des tragédies d’enfance de Diop – et la fuite d’Assane pour échapper aux forces de l’ordre après son dernier coup d’éclat médiatique, cette troisième « saison » a une saveur de redémarrage. Diop est devenu l’homme le plus recherché de France, et s’est exilé à l’étranger. Prenant conscience que sa notoriété attire une mauvaise et dangereuse attention sur son ex-femme et son fils, Assane décide de revenir à Paris pour organiser leur départ hors des radars de la police et des médias français. Mais les choses tournent mal lorsqu’une figure de son passé refait surface, et contraint Diop à redevenir Arsène Lupin aux yeux de toute la France…
Dans la suite des aventures de son nouveau brillant gentleman chapardeur, cette nouvelle saison de Lupin raccroche les wagons en reprenant ses personnages là où les précédentes les avaient laissés. Ainsi, avec cette salve d’épisodes flambants neufs, George Kay et François Uzan continuent leur dépoussiérage des romans de Leblanc, s’amusant toujours autant à les faire renaître dans un héritage formellement propre et assurément plaisant par ses allures de grands spectacles grand-guignolesques et par une envie savoureuse de revisiter les mythes au présent. En utilisant Assane comme intermédiaire entre la figure de Lupin sur le papier, et sa version moderne sous les traits d’Omar Sy – toujours aussi réjouissant – la série se plait dans un équilibre narratif fluidement délivré, au gré d’une suite de péripéties et de rebondissements aussi burlesques que satisfaisants. Cette liberté de ton, permettant à ces épisodes de composer avec l’humour, le suspense et quelques pastilles d’émotion, continue de mettre, à l’instar des précédentes saisons, son spectateur au centre d’un grand jeu de miroirs, de paraîtres à débunker et de mystères à résoudre. Mais, à l’inverse des aventures de Sherlock Holmes, où les énigmes à déchiffrer jettent une zone d’ombre qui investit le spectateur d’une furieuse envie de résolution, ces coups de Lupin sont des puzzles, visibles de loin, quasiment toujours prévisibles, dont l’intérêt se retrouve alors dans les airs de grand spectacle qu’ils revêtent lorsque les nœuds se défont au moment où Assane révèle les ficelles. Lupin délaisse alors la surprise au profit de son théâtre de marionnettes savoureux et trop gros pour être vrai, alignant les trucs et astuces capillotractés – entre maquillages SFX en silicone et costumes over the top – pour faire vivre de l’intérieur les manipulations, braquages et infiltrations de son anti-héros distingué.
En retrouvant sa double temporalité pour nourrir sa narration et les origines de ses personnages, cette troisième saison réussit à nouveau son coup grâce à un casting investi et inventif. Omar Sy fonctionne toujours autant avec Ludivine Sagnier, Etan Simon et Antoine Gouy, alors que Mamadou Haïdara et Ludmilla Makowski ouvrent une nouvelle page de l’adolescence d’Assane et Claire en 1998, autour de l’effervescence de la Coupe du Monde. On retrouve également le duo Shirine Boutella/Soufiane Guerrab, portant dans cette saison une importance plus élevée et vectrice de plus d’idées narratives intéressantes.
Dans cette nouvelle salve de Lupin, réécrivant la traque d’Assane Diop et son retour flamboyant avec toujours autant de malice et d’efficacité, George Kay et François Uzan relèguent les surprises au cinquième plan pour se consacrer à leur grand feu d’artifice de flashbacks, de ralentis explicatifs et de dialogues un tantinet grossiers. Ces grosses ficelles, handicapant toujours leur réinvention du mythe Lupin en l’empêchant d’être le casse du siècle, sont seulement les limites d’un concept qui ne se réinvente pas mais qui continue de briller par ses manipulations et son aisance d’interprétation. On aimerait pourtant voir l’admirable Assane Diop se frotter à des ennemis plus calculateurs, des personnages moins caricaturaux, des intrigues mieux ficelées et un sens de la mise en scène enfin à la hauteur de son ambition formelle, mais pour le moment Arsène Lupin se complait dans un spectacle bon enfant, à la mécanique bien huilée et au flegme distingué. Et malgré tout, ça nous plait plutôt bien.
Crédits : Netflix France








































































































































