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SYNOPSIS : Maeve étudie aux États-Unis. Moordale a fermé. Otis doit donc trouver sa place au lycée Cavendish, un établissement très ouvert… où il n’est pas le seul sexologue !
Il aura donc fallu attendre un an pour assister au dénouement des romances tellement touchantes des nombreux adolescents si attachants et de quelques adultes si exaspérants. Dénouement, car oui cette fois-ci la saison 4 de la série crée par Laurie Nunn est la dernière. Très certainement l’envie d’éviter la saison de trop. Ce qui se comprend car si la saison 4 garde toute l’énergie ultra-pop et colorée des 3 premières, le risque de la lassitude est évident. Y compris car la constance scénaristique dans son éclatant foisonnement et son inventivité émotionnelle doit à un moment trouver son point final pour que l’originalité ne fasse pas pschittt. C’est évidemment cul, donc cru, mais jamais dupe d’être parfois conventionnel car même la modernité érigée en vérité en prend pour son grade. On parle de tout sans tabou mais aussi sans complaisance ou dégoulinante moralité. C’est juste la mise en exergue de notre seule mission en cette terre : tisser des liens.
Nous ne développerons pas outre mesure les stories de nos héros préférés par évident souci de ne pas spoiler, mais plantons le décor, et affirmons tout de suite que cette ultime saison est toujours aussi pop, forte et touchante. Grâce notamment à la simplicité de cette empathie qui fait la force de l’entreprise. Ce mix entre originalité et authenticité est toujours aussi prégnant. Et autant dire que c’est ici le bouquet final du décryptage de la complexité des sentiments paradoxaux et des émotions contrariés. Les problématiques adolescentes sont évidemment les nôtres, et nous frappent en plein cœur tant à cet âge pivot de la transition, les névroses son exacerbées et l’apprentissage est parfois si douloureux.
Dans un format quasi Sartrien post modern, cette saison déploie la difficulté d’assumer ce que nous sommes et de le faire accepter aux autres dans le respect de ceux-ci. Tout y passe alors dans un format entre l’inconstance horripilante du sentiment amoureux, la durabilité de l’amitié, le plaisir de chacun dans l’acte sexuel, les convictions idéologiques voir religieuses, la recherche de ses origines, les méandres de l’amour parental, l’accomplissement de ses rêves… Et c’est bien tout notre rapport à l’autre qui est ici passé au radar en contournant le sentimentalisme gnangnan, toujours dans cette intelligence humaniste et progressiste.
A l’image du nouveau et très inclusif lycée Cavendish, qui est donc hyper open et repose sur le principe de la positivité, du respect de l’autre, de la tolérance instaurée et de l’excellence environnementale. Le vernis craquera forcément pour assumer sa part d’ombre et de complexité. Une belle illustration de l’impressionnante capacité de cette série à contourner les clichés et stéréotypes alors qu’elle aborde précisément des sujets qui s’y prêtent tellement.Pour faire vivre l’ensemble de ce registre si complet, c’est alors toute une impressionnante galerie de personnages qui va s’efforcer dans leurs saillantes et saisissantes contradictions de s’essayer à la quête du bonheur. La série va vite tant elle arrive à nous dire tellement de nos héros si contemporains en peu de temps. C’est donc aussi toutes les histoires des personnages dits secondaires qui donnent cette contemporanéité à une série tellement en prise avec son époque. Toujours aussi queer et pétaradante de luminosité autant dans sa mise en scène, son décor que dans sa narration, on ne s’ennuie jamais et se reconnaît tout le temps.
Donc toujours dans cet esprit de ne pas en dire trop mais juste de donner envie, l’amitié si puissante entre Otis et Eric sera menacée, et bien sûr l’histoire si universelle entre Maeve et Otis, qui trouvera enfin son issue. Les rebondissements permanents, les incompréhensions, les trahisons, rester soi en aimant l’autre toujours autant… Leur histoire pour ancrer tellement nos petits cœurs archi-chauds d’artichauds, sera forcément encore tourmentée. Une histoire iconique des nouveaux amants maudits d’un siècle si multiple et complexe. Dans cette saison, dieu est noir, on fait des câlins à des chevaux, et on assistera à une anthologique scène d’enterrement, dont nous tairons bien sûr le roi ou la reine de la fête, qui devient un chaos autant pathétique que jubilatoire du pire de nos extravagances.
Des dialogues toujours aussi profonds sur les turpitudes existentielles et qui peuvent se ponctuer par :
« Je peux t’embrasser « ?
« On vient de manger des chips à l’oignon… «
Sex Education saison 4 est toujours cette affaire de contraste et d’humour décapant dans le pathétisme de nos outrances permanentes. Dans ce fourmillement scénaristique, tant de jeunes acteurs si prometteurs, tant ils sont engagés dans la défense de leur personnage, c’est épatant de talent. C’est aussi le cœur battant de cette saison, la capacité à faire vivre des personnalités hautes en couleur dans tous les sens du terme. Alors, on parlera surtout de Asa Butterfield dans le rôle d‘Otis, souvent anti-héros dans la complexité de ses blocages et le pathétisme touchant de sa timidité, pour lequel l’acteur donne la parfaite complexité à son personnage toujours avec ce regard troublant aussi azur que perçant. Emma Mackey est une Maeve toujours aussi écorchée et drôlement vivante. L’émotion qui émane de son interprétation est sidérante de bouleversement. Ncuti Gatwa joue un Eric survolté, multiple, et si souvent extravagant. Il est clairement inoubliable dans ce personnage impressionnant de vie. Connor Swindells dans le rôle d’Adam, Aimee Lou Woods dans le rôle d’Aimee sont perpétuellement justes dans l’interprétation des souffrances refoulées et dans une folie douce sous contrôle. Et bien sûr, notre éternelle Scully, Gillian Anderson dans son rôle de Jean Milburn qui justement pour la postérité est autant cette agent pragmatique du FBI que cette sexologue déjantée. Au final, Sex Education saison 4 finalise avec le même talent cette percée évanescente dans le tourment de nos âmes avec joliesse, drôleries, sans niaiseries et reste pour nous l’évident plaisir de contempler une série qui incontestablement viendra marquer toute une époque et une génération.
Crédits : Netflix








































































































































