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SYNOPSIS : Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides et dévastatrices s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper.
Parmi le peu d’appelés, d’autant plus rares sont les élus au sein des films de genre du cinéma français récent. Alors que Le Règne animal (qui s’annonce d’ores et déjà incroyable) débarquera le 4 octobre prochain, voilà que s’offre à nous tel un apéritif providentiel, Acide le nouveau film de Just Philippot à qui l’on doit déjà l’excellent et surprenant La Nuée sorti en 2021. La sortie de films français à cheval entre le fantastique et l’anticipation est toujours un moment de curiosité que nous accueillons à bras ouverts tant il est agréable de voir des choses « nouvelles » ou « rares » dans le paysage cinématographique… du moins « nouvelles » et « rares » chez nous puisqu’elles sont proposées sans vergogne ailleurs, notamment chez nos amis américains. Dans la brume (décidément Romain Duris est dans tous les bons coups) s’aventurait déjà lui aussi sur ce terrain en 2018 pour un résultat convaincant (en tout cas bien plus qu’Acide) très injustement boudé par les spectateurs. Au milieu de tout cela Acide vient donc poser sa pierre à l’édifice. Ou du moins c’est ce qu’il essaie de nous faire croire. Difficile à vrai dire de comprendre comment Just Philippot a pu être à la tête de deux projets aussi éloignés qualitativement. Après La Nuée, c’est la douche froide. Pire, la consternation.

Le plus gros problème d’Acide, outre le fait qu’il n’ait aucun intérêt et qu’il soit probablement daté de 20 ou 30 ans, est qu’il s’avère très différent de ce qu’on imaginait, plus proche d’un très mauvais épisode de L’Effondrement (attention il y en a aussi eu des très bons, confer nos papiers sur le sujet) que d’un Dans la brume tout en se tirant une multitude de balles dans les pieds et les genoux dès ses premières minutes. Et pour cause dès que le film débute on sent qu’il va droit dans le mur. Difficile de dire pourquoi cela sent le sapin à ce point mais c’est si perceptible qu’on sait qu’il n’y aura pas de voyage retour. On entend souvent des gens se plaindre du cinéma français, déclarer qu’il n’y a que des films sociaux et pseudo psychologiques à l’affiche, que le cinéma français n’ose pas, que les producteurs sont frileux… pour diverses raisons c’est effectivement sûrement le cas à bien des égards et ce n’est clairement pas Acide qui va nous démontrer le contraire. Les premières minutes du film s’ouvrent donc sur un Michal (Guillaume Canet) violent et survolté, vraisemblablement échaudé par un plan social au sein de son entreprise, bien décidé à casser la figure de tous les opposants qui se présenteront devant lui pour le déloger des locaux où il a manifestement décider de péter un énorme plomb avant de finalement se faire immobiliser et envoyer en prison. A sa sortie, affublé d’un bracelet électronique, Michal n’a qu’une idée en tête : se tenir à carreau pour rejoindre la femme qu’il aime (et qui a des problèmes de santé) pour la soutenir dans les épreuves qu’elle traverse. En parallèle il doit jongler entre son ex-femme Elise (Laetitia Dosch) et sa fille Selma (Patience Munchenbach). On vous la fait courte mais déjà rien ne va : on perd de précieuses minutes à nous présenter un protagoniste totalement antipathique (et qui le restera tout du long, pas bien aidé par un Guillaume Canet de base lui aussi plutôt antipathique ; et ce ne sont pas ses passages médiatiques pour la sortie du dernier Astérix qui ont eu l’occasion de redorer son image en matière de bonhomie), anti-riches, anti-patronat, toujours énervé, pas ouvert pour un sou (la séquence ASMR aurait pu amener quelque chose de sympathique mais puisque rien ne l’est dans ce film autant n’exploiter aucune idée qui proposerait un peu de modernité dans ce tas de poussière) et complexé par sa condition sociale pour…absolument aucune raison scénaristique. On se demande sincèrement l’intérêt de venir nous bassiner tout à fait gratuitement avec des problématiques sociales à la petite semaine que nous pouvons d’ores et déjà voir dans une bonne partie des drames et comédies qui sortent au fil de l’année. D’ailleurs le film ne peut pas s’en empêcher, c’est plus fort que lui, il se sent pousser des ailes à chaque mauvaise idée et souhaite coûte que coûte s’enfoncer dans la voie pourtant défendue même si au début le tempérament « prolétaire complexé » de Michal sera tempéré par son ex-femme Elise. Le scénario nous proposera de toute façon cela bien indépendamment du caractère de Michal. C’est ainsi que nos personnages échoueront à un moment de leur périple dans une maison où résident une mère et son fils malade…oui bien évidemment s’il n’avait pas été malade cela n’aurait sûrement pas été aussi drôle. Du moins c’est sûrement ce que se sont dit les scénaristes, peut-être biberonnés aux pires épisodes de The Walking Dead. Inutile de vous dire que le misérabilisme du film est purement gratuit, n’apporte rien, bien au contraire il dessert complètement l’immersion dans ce qui devait être une expérience qui sortirait un peu des sentiers battus. Là où la maladie de la fille du personnage de Romain Duris avait une vraie utilité et créait de forts enjeux au sein de Dans la brume, ici c’est l’opposé total, tout est vain, le film avance à l’aveugle en nous donnant le sentiment de n’avoir aucune idée de ce qu’il souhaite y faire et de broder au fur et à mesure.

Au-delà de cet aspect substantiellement laborieux et hors sujet du film (même en tentant de faire un parallèle à la mords-moi le nœud entre la précarité sociale de Michal et l’état de la planète cela ne fonctionne pas, d’autant plus que ce lien de causalité est balayé d’un revers de main par Selma qui explique bien à son père qu’il ne pense qu’à ses petits problèmes alors qu’elle elle pense à la planète…) les personnages sont tout bonnement insupportables. Michal l’est dès le départ mais finit heureusement par se calmer un peu histoire de nous laisser du répit, pourtant que dire de sa fille Selma absolument imbuvable de A à Z ? On n’en dira rien, nous pensons qu’il n’y a pas besoin de s’appesantir sur le sujet tant l’écriture du film est grotesque et répétitive. Tout juste on se réjouira lorsque Michal dira enfin à sa propre fille de se la fermer après une énième crise de jérémiades. Le mal était déjà fait. D’ailleurs outre les protagonistes, parlons de leurs pérégrinations : que c’est ennuyeux, cousu de fil blanc et foncièrement débile. La dernière partie du film où Michal se retrouve dans une sale situation avec Selma dans le but de secourir cette dernière, alors qu’ils passent leur temps à se mettre bêtement dans la mouise tout seuls, nous a juste fait définitivement décrocher. Le film dure 1h40. On regardait notre montre dès la scène d’ouverture.

Acide n’est pas un film catastrophe mais un film catastrophique qui ne raconte rien, qui perd son temps à brosser des origines sociales de personnages qui n’intéressent personne, au milieu d’une aventure sans émotion qui désintéresse tout le monde jusqu’à un final avec autant de relief qu’un œuf au plat qui achève une bonne fois pour toute de nous convaincre qu’il n’y a absolument rien à voir là-dedans, pas même pour se divertir ou s’amuser. Vous remarquerez d’ailleurs qu’arrivés à la fin de cette critique on n’aura même pas évoqué une seule fois la pluie acide qui était supposée être l’intérêt du film. On ne l’évoquera pas car il n’y a rien de plus intéressant dans la pluie que dans le reste. Passez votre chemin, des propositions comme ça on préfèrerait qu’elles restent au fond d’un tiroir.

Titre Original: ACIDE
Réalisé par: Just Philippot
Casting : Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach …
Genre: Fantastique, Drame
Sortie le: 20 Septembre 2023
Distribué par : Pathé
ASSEZ MAUVAIS
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































