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SYNOPSIS : À la suite d’un accident, un réalisateur tente de recoller les morceaux de la réalité. Peu à peu, il apparaît que son seul sujet est de faire revivre perpétuellement son amour perdu.
Pour son deuxième long-métrage après La Sincérité en 2020, le réalisateur Charles Gérin Surville signe le labyrinthique Follia, une œuvre empreinte de mystères et de différents tiroirs de lecture qui participent à en faire une expérience narrative singulière. Malheureusement, dès son ouverture, la folie ne prend pas et à même tendance à se tasser jusqu’à propulser le spectateur hors de son étrange spirale métaphysique. Le film raconte plusieurs histoires empilées les unes sur les autres. En résumé, un réalisateur tente de tourner son nouveau film, racontant notamment son amour perdu. Mais les différentes couches de fiction et de réalité se confondent, et plongent tout ce petit monde brisé dans un kaléidoscope narratif.

C’est donc cet homme, Marc, réalisateur et visage principal de son propre film – il est à la fois l’acteur et le metteur en scène – qui est le point de vue de ce jeu de miroir et d’apparences voulu complexe par Charles Gérin Surville. Mais le bât blesse lorsque cette prétendue complexité se retourne contre le film, dégageant alors un propos paradoxalement simple qui l’empêche d’atteindre son but. En s’enfermant tout seul dans le labyrinthe qu’il a lui-même construit, Follia manque son coup par le déséquilibre très fort de sa mise en scène claudiquante, la direction étrange de son corps de comédiens, et le traitement très malhabile de ses personnages. Car le cœur du film ne se trouve pas en Marc, mais bien à travers l’intégralité des femmes qui orbitent autour de lui, dans toutes les strates de réalité présentées par le film. Au milieu d’elles, servant principalement de personnages-fonctions juste présents au service du protagoniste masculin, il y a la pourtant impeccable Manal Issa, visage de la mystérieuse et volage Nausica, source des fantasmes et des obsessions qui rythment le récit. Mais l’écriture anarchique du film, rayant tous les enjeux sur le papier avant même d’avoir eu le temps de les installer à l’écran, contribue à enfoncer ses personnages dans un jeu auquel on ne croit jamais vraiment, déployant un propos malheureusement très faible sur l’esprit d’un artiste confronté à la frontière entre la réalité et la fiction.

Le sujet ayant été balayé tellement de fois à travers l’histoire de l’art (et même, d’un certain égard, maîtrisé par David Lynch dans son Mulholland Drive auquel Follia cherche désespérément à ressembler sans jamais comprendre la distance qui le sépare de lui), le long-métrage échoue dans ses ambitions, à travers sa photographie curieusement abîmée par des directions esthétiques très discutables, ou par l’ensemble des dialogues ampoulés et assez prétentieux distillés par l’écriture du scénario.

C’est au final assez dommage de voir le résultat de Follia, un petit naufrage pas assez surréaliste pour être intéressant, et trop dirigé pour être compréhensible. Tout est en demi-teinte, jamais abouti, comme si la première version d’un scénario avait été tournée immédiatement avant que ses idées balancées à la pelle ne puissent être dégrossies par un travail de réécriture. Follia est un échec artistique, pesé par sa volonté narrative peu respectée par sa mise en scène boiteuse et par une écriture égocentrée qui sent le réchauffé tout en mettant en avant les habituels démons de l’artiste-homme au travail hanté par les fantasmes-femmes de sa vie. Au final, c’est la spirale que le récit construit qui aspire lui-même le film et ses protagonistes, trop obsédée par la fonction de ses personnages voulus mythologiques au lieu de penser à les creuser d’autant plus pour révéler leur humanité, et ainsi réussir à atteindre l’équilibre que Follia recherche désespérément.

Titre Original: FOLLIA
Réalisé par: Charles Guérin Surville
Casting : Stefano Cassetti, Manal Issa, Danil Vorobyev …
Genre: Drame, Romance
Sortie le: 20 Septembre 2023
Distribué par : Beabia Films
ASSEZ MAUVAIS
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































