![]()

Un soir, un inconnu surprend Mélancolie Mau seule chez elle et la viole. Folle de terreur, elle le tue et se débarrasse du cadavre. Mais peu de temps après, un mystérieux Américain la harcèle de questions. Refusant d’avouer le meurtre, elle se retrouve alors impliquée dans une lutte sans merci avec son inquisiteur.
Les producteurs, après l’avoir vue dans L’astragale voulaient de Marlène Jobert pour Le passager de la pluie. Quand le réalisateur, René Clément sur le plateau reprenait le jeu de l’actrice, cette dernière se souvient de l’épouse du cinéaste qui disait : « René chéri, laisse faire la petite » !! Marlène Jobert dira que c’est finalement la chèvre de Monsieur Seguin qui tuera le loup, après avoir lutté toute la nuit. C’est une inversion du paradigme qui renverserait presque le poids de la culpabilité, qui est autant étonnante, qu’elle permet de lancer l’intrigue et de susciter la curiosité d’emblée du spectateur. Même s’il convient de tout de suite reconnaître que justement, l’intrigue policière qui sert de socle au Passager de la pluie n’est pas des plus passionnantes et nous perd même un peu parfois. Mais tout le sucre et sel du film se joue dans la relation entre Charles Bronson et Marlène Jobert. Un jeu du chat de la souris tragi-comique, sentimental, sensuel et souvent très amusant. Quand il la surnomme Love Love avec son accent très américain, face à la candeur espiègle de Marlène et ses iconiques et juvéniles tâches de rousseur, alors oui on craque, on fond, on jubile.

Le duo fonctionne à plein dans cette alchimie des contraires entre la femme enfant et l’homme viril. Une forme de classicisme dans la situation, mais totalement sublimée par le jeu individuel de Marlène Jobert et de Charles Bronson, et par l’alchimie qui émane avec force de leur duo. Il s’agira pour Marlène Jobert de tenter de devenir femme, malgré les différentes emprises dont elle semble quelque peu prisonnière, entre son mari et sa mère. A sa façon, le personnage de Charles Bronson va la prendre pour ce qu’elle est, et peut-être lui faire gagner une forme d’émancipation, de liberté, car même s’il prend un malin plaisir lui aussi à l’infantiliser parfois, il sait qu’elle a commis un meurtre et il fera tout pour la faire avouer, et fondre sur sa proie. C’est ici toute la mise en scène du cinéaste qui va s’exprimer, alternant sa caméra avec habileté dans ce face à face, ce côte à côte, donnant une véritable couleur à son thriller autant psychologique qu’humoristique, et forcément aussi un peu amoureux.

Justement, l’idée de jeter la noix contre la vitre pour savoir à la brisure ou non de la fenêtre si on est amoureux ou pas, est une idée assez géniale de Sébastien Japrisot le scénariste romancier. Si on se doute de l’issue du jet final, que l’on taira tout de même ici, cette trouvaille est finalement à l’image du film, plein de charme. De charme, il en est tellement question dans l’interprétation de Marlène Jobert. Jamais autant sans doute le terme d’espiègle ne lui aura aussi bien collé à la peau. Son personnage joue les naïves avec une parfaite authenticité. Le rôle était taillé pour elle. Sa petite voix, son petit corps, envahissent tout l’espace et font admirablement face au massif Charles Bronson.

Celui-ci épouse également pleinement son personnage, et il suffit de regarder les yeux qu’il pose sur notre frenchie pour s’en convaincre. A la fois amusé, agacé et sans doute peut-être parfois consciemment ou pas, fasciné par sa résistance, sa résilience. Bronson est ici un justicier doux, qui se laisse charmer lui aussi, et on en redemande. A saluer le jeu d’Annie Cordy dans le rôle de la mère, autant à contre-emploi que convaincante et touchante. Au final, si Le passager de la pluie n’est évidemment pas le chef-d’œuvre ultime, il est très plaisant à regarder pour la force incongrue du duo d’acteurs, et clairement, sous la pluie un dimanche, sous le plaid, ça passe crème, et c’est même très « Love Love »…

Titre Original: LE PASSAGER DE LA PLUIE
Réalisé par: René Clément
Casting: Marlène Jobert, Charles Bronson, Annie Cordy…
Genre: Thriller, Policier, Drame
Sortie le: 1er janvier 1970
Distribué par: –
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 70








































































































































