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SYNOPSIS : Un beau jour, le miroir dans la chambre de Kokoro se met à scintiller. À peine la jeune fille l’a-t-elle effleuré qu’elle se retrouve dans un formidable château digne d’un conte de fées. Là, une mystérieuse fillette affublée d’un masque de loup lui soumet un défi. Elle a un an pour l’accomplir et ainsi réaliser un souhait. Seulement Kokoro n’est pas seule : six autres adolescents ont le même objectif qu’elle.
Si l’imaginaire de l’animation japonaise s’est souvent étendu dans les figures traditionnelles asiatiques pour y conter ses univers fantastiques (ou non), il est également fréquent qu’il trouve dans les récits et mythes occidentaux de nouvelles bases pour y inscrire ses histoires. C’est le cas du nouveau film réalisé par Keiichi Hara (Miss Hokusai, Wonderland…), adaptation à l’écran du roman écrit par Mizuki Tsujimura. Le Château Solitaire dans le Miroir qui, en s’imprégnant d’un univers de conte de fée classique, réussit alors le joli exploit de déployer son émotion autour d’une très attachante galerie de personnages. Le film raconte les histoires croisées d’une bande d’adolescents japonais, aspirés dans leurs miroirs respectifs par une petite fille à tête de loup. A l’intérieur de ce monde fantastique, les jeunes sont rassemblés dans un grand château, où les règles d’un curieux jeu leur sont expliquées. Ils ont un an pour faire connaissance, et pour trouver quelque part dans ce lieu une clé mystérieuse qui permettra à son détenteur d’exaucer son vœu le plus cher. La jeune Kokoro, solitaire et anxieuse sociale, trouve dans ce miroir magique un moyen d’échapper à son quotidien, et d’espérer pouvoir enfin trouver un équilibre dans sa vie.

A travers son concept fantastique tout ce qu’il y a de plus ordinaire, laissant alors aux symboliques du Merveilleux se poser autour de Kokoro et des autres adolescents, Le Château Solitaire dans le Miroir développe un récit centré autour de ses protagonistes, cernés par leurs différences avant de se trouver une flopée de points communs en fin de parcours. Articulant son thème central autour des notions d’anxiété sociale, de dépression adolescente, de harcèlement scolaire et d’abus familiaux, tournés autour d’une intrigue qui mène ses héros à se rencontrer et à s’ouvrir de l’autre côté de ce miroir magique façon Alice aux Pays des Merveilles, le long-métrage de Keiichi Hara trouve ici ses principales qualités, en distillant une émotion et une fragilité redoutable, bouleversante dans ses points clés et furieusement attachante dans son rapport à ses personnages. Chacun de ses 7 héros-malgré-eux (Kokoro, Subaru, Aki, Urechino, Rion, Masamune et Fῡka) porte en lui et en elle des stigmates et des traumatismes, lesquels construisent sous la surface la véritable symbolique du film, celle de la reconstruction.

En convoquant des adolescents qui vivent à distance, chacun loin les uns des autres, n’ayant rien d’autre en commun que des cicatrices invisibles, dans un même espace clos, accessible à seulement certains horaires de la journée, Le Château Solitaire dans le Miroir parle alors frontalement à la jeunesse moderne, laquelle a fait d’Internet un moyen de rencontre et de communication central grâce à son ouverture et son universalité. Le château du long-métrage ressemble alors étrangement à un forum de discussion, ou au lobby d’un MMORPG, où des adolescents viennent après l’école pour passer le temps, voir des amis ou discuter de leurs soucis personnels. Par ce concept, le film devient particulièrement touchant, notamment lorsqu’il traite frontalement de ses sujets, sans flancher devant les thématiques difficiles et/ou violentes qu’il est censé aborder.

En ça, Le Château Solitaire dans le Miroir subit alors les contrecoups de ses ambitions dans son final, aux twists un peu prévisibles et à la surenchère narrative, bouclant un peu en catastrophe toutes ses pistes scénaristiques. Mais au final, c’est l’énergie de l’animation qui l’emporte, jouant avec une mise en scène aéré et référencée, un rythme bien dosé, des personnages incarnés et frontalement humains, et des pointes d’émotions radicales. Keiichi Hara signe un film admirablement juste, aussi déchirant qu’il est réparateur, mettant à l’écran la face cachée des méandres de l’adolescence pour en tirer l’essence-même de l’espoir, de l’optimisme, de la solidarité et de l’ouverture. En s’ouvrant aux contes de fée, au mythe du Petit Chaperon Rouge et à celui des Princesses solitaires, Le Château Solitaire dans le Miroir frappe avec élégance et ambition, brillant avec éclat à travers une proposition narrative et esthétique noble et éthérée qui surprend par sa direction pour au final paraître plus limpide que les apparences.

Titre Original: KAGAMI NO KOJOU
Réalisé par: Keiichi Hara
Casting: Shingo Fujimori, Rihito Itagaki, Yûki Kaji …
Genre: Animation, Drame, Fantastique
Sortie le: 6 septembre 2023
Distribué par: Eurozoom
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































