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SYNOPSIS : Parisiens, une vingtaine d’années. Élèves brillants, Yaël et Youssouf ont tout en commun ; leur jeunesse, leurs douleurs. Ils s’aiment plus que de raison dans leur cocon du boulevard Saint-Germain. Pourtant, un conflit éloigné de 4600 km les rattrape et les sépare. Pour essayer de panser leurs souffrances et tenter de retrouver leur identité, ils choisissent chacun un côté de la frontière israélo-palestinienne. Ils se retrouveront quelques années plus tard face à face, leurs armes braquées l’une contre l’autre dans un tunnel à plus de 8 mètres sous terre, à la frontière entre Gaza et Israël. Leur amour pourra t-il les sauver ?
Curieux objet que cette nouvelle arrivante sur OCS. A l’issue du visionnage des six épisodes qui composent Croisement Gaza – Bd Saint-Germain, il y a de quoi rester, et les mots sont faibles, extrêmement circonspects. Au milieu des formats 26 minutes (pour les créations originales) que la plateforme tend à proposer, quelques exceptions se détachent de temps en temps et Croisement Gaza – Bd Saint-Germain en fait partie. Oscillant plutôt entre le 40 et le 50 minutes la série nous raconte (ou du moins tente de le faire) l’histoire d’amour entre Yaël (Tess Boutmann) et Youssouf (Adib Cheikhi) qui se sont soudain épris l’un de l’autre (nous y reviendrons) après une rencontre fortuite à l’aéroport. Pourtant si le spectateur découvre cette relation guimauve via des flashbacks, il en est tout autre dans le présent puisque nous retrouvons Yaël et Youssouf dans un tunnel à plus de 8 mètres sous terre, à la frontière entre Gaza et Israël, chacun une arme braquée l’un sur l’autre. Mais que s’est-il passé depuis leur fulgurante rencontre à l’aéroport ?
Autant le dire simplement car il serait difficile de tourner autour du pot et le visionnage pourra difficilement mentir : la série est tout bonnement catastrophique. Parlons peut-être d’abord du moins grave à savoir la forme. La série est fauchée comme les blés et ce dès le premier épisode. Les scènes dans le tunnel mentent difficilement et on constate bien trop rapidement la pauvreté des interactions. On voit instantanément au sein du tunnel que les « échanges » oraux et les tirs d’armes ne fonctionnent pas, que les placements des personnages n’ont pas de cohérence et on a donc flagramment l’impression de faire du surplace et de voir une série tournée sur quelques mètres qui veut pourtant nous faire croire qu’on arpente un long dédale sous-terrain. L’artifice ne fonctionne pas du tout. Et pourtant ce tunnel le spectateur va allègrement se le coltiner. Cet aspect fauché se retrouvera très régulièrement, peut-être moins dans les intérieurs et extérieurs parisiens, mais des choix douteux et réguliers d’éclairage viendront dans tous les cas enfoncer le clou.
Puisque le spectateur découvre l’histoire de façon non linéaire, alternant entre passé et présent (et gageons que le découpage n’est pas toujours des plus pertinents) la pluralité des problèmes n’apparait que petit à petit. Car s’il y a la forme qui pêche, au fond ce n’est pas très grave si le scénario lui au moins suivait. Le souci c’est que plus on avance et plus la série nous propose des moments de gêne absolue, s’enfonçant comme jamais dans le ridicule en explosant chaque porte défendue avec véhémence pour repousser les limites de ce qui devrait pourtant être interdit en 2023.
On est d’autant plus peinés par tout cela que globalement le casting est assez bon (notamment Tess Boutmann et Adib Cheikhi dont l’alchimie est évidente) et interprète comme il peut des situations tout à fait ubuesques. Croisement Gaza – Bd Saint-Germain a ce talent rare d’arriver à rendre tout à fait non crédible et ce au même niveau des scènes de guerre, une histoire d’amour dans la vie civile. C’est vraiment fort de glisser à ce point sur la peau de banane dans tous les tableaux proposés. Le premier épisode pose bien les bases de ce qui ne va pas mais le deuxième, malgré des aspects une fois encore ridicules à bien des égards, réussit quant à lui à afficher une scène violente et poignante qui surprend lorsque l’on ne s’y attend pas (surtout face à la niaiserie ambiante du scénario) au milieu de dialogues tout à fait caricaturaux. On en vient à se dire que la série pourra finalement sauver les meubles. Pourtant non, la descente aux enfers se poursuivra dès lors sans vergogne. Pire, l’histoire d’amour arrivera à être encore plus malaisante que les scènes de « guerre » qui ne sont pourtant déjà pas folichonnes.
Globalement toute l’histoire d’amour de Yaël et Youssouf est d’un malaise incroyable. De leur rencontre à l’aéroport jusqu’à la présentation avec les parents, en passant par leur point de chute Bd Saint-Germain : mais quel enfer. Rien que leurs interactions à l’aéroport dignes d’un conte de fées Disney…cela ne fonctionne pas. Si encore les flashbacks avaient été racontés par un personnage, nous aurions pu nous dire qu’ils avaient été enjolivés et qu’ils étaient plus beaux que la réalité mais ce n’est ici pas le cas. Nous avons donc affaire à deux personnages qui se rencontrent à l’aéroport, qui profitent de l’annulation de leur vol pour faire les fous et se bécoter dans l’aéroport tout en restant hyper frais (c’est bien connu que tout le monde reste propre, avec une haleine incroyable, et sans aucune cerne malgré une quasi-totale absence de sommeil et pourtant 24h00 ou plus passées sur le sol d’un aéroport) avant de se mettre ensemble et de commencer une vie dans un nouvel appartement miraculeusement tombé du ciel. Passons les détails qui ne feront que rendre encore plus pénible l’expérience que nous n’avons pas forcément envie de revivre une seconde fois.
En parallèle de cette pseudo histoire d’amour, la frontière israélo-palestinienne et plus particulièrement Gaza est à l’honneur car la série se veut également politique. Sans surprise c’est aussi ici globalement gênant. Cette gêne se cristallise dans les interactions entre les soldats dans le fameux tunnel mais encore plus dans le dialogue de rupture du passé entre Yaël et Youssouf (d’ailleurs encore un moment d’inconfort intersidéral pour le spectateur).
Le final de la série est, dans la même lignée, parfaitement ridicule, expédiant ici et là la plupart de ses personnages secondaires sans aucune forme de sens ou d’explication après avoir pourtant tenté de les humaniser (pour rien en fin de compte) jusqu’aux dernières secondes qui offrent au couple phare une conclusion que nous vous laisserons découvrir et qui aurait pu dans le fond avoir une belle portée si la série n’était pas en amont un cimetière d’écriture (tous les allers/retours dans le tunnel avant la conclusion n’ont à ce titre ni queue ni tête et désamorcent d’emblée toutes les choses importantes qui pourraient se produire derrière).
Difficile de dire si nous avons regardé Croisement Gaza – Bd Saint-Germain dans son intégralité parce qu’elle affiche malgré tout une certaine sympathie (ce qui est le cas) et que nous avions envie qu’elle s’en sorte, ou si nous étions animés par une curiosité mal placée visant à constater jusqu’où elle pourrait creuser son trou…toujours est-il que malgré le malaise général et le fait que la série ait été vraisemblablement produite avec deux bouts de ficelle on sent qu’il y a un minimum de cœur derrière et on a apprécié découvrir un beau casting qui a mis du cœur à l’ouvrage malgré la pauvreté du scénario et des dialogues proposés. Les mots sont durs mais le produit proposé n’est clairement pas à la hauteur de son ambition et le budget n’excuse malheureusement pas le triste spectacle auquel nous venons d’assister.
Crédits: OCS








































































































































