![]()
SYNOPSIS : Phil Connors, journaliste à la télévision et responsable de la météo part faire son reportage annuel dans la bourgade de Punxsutawney où l’on fête le « Groundhog Day » : « Jour de la marmotte ». Dans l’impossibilité de rentrer chez lui ensuite à Pittsburgh pour cause d’intempéries il se voit forcé de passer une nuit de plus dans cette ville perdue. Réveillé très tôt le lendemain il constate que tout se produit exactement comme la veille et réalise qu’il est condamné à revivre indéfiniment la même journée, celle du 2 février…
Le titre original d’Un jour sans Fin d’Harold Ramis est Groundhog Day soit le jour de la marmotte. Le concept initial aussi délirant que puissamment original va faire d’Un jour sans fin une des comédies les plus marquantes des années 90. Pourtant, malgré un large succès commercial, Un jour sans fin reçut un accueil critique pour le moins nuancé. Ce sont très certainement les supports vidéo (cassettes, DVD, Blu-ray) et les multiples diffusions télé qui en feront un film culte et totalement inoubliable pour toute une génération qui va le croiser. Parfois comparé toute proportion gardée dans son message temporel à La vie est belle (1947) de Capra, Le scénario si inventif d‘Un jour sans fin lui valut le BAFTA du meilleur scénario original en 1994. Phil joue d’emblée sa diva, à renfort d’un grand mépris citadin contre la fête de la marmotte, contre Punxsutawney, contre ses habitants, contre son caméraman et contre sa productrice. Mais inconsciemment, cette colère est évidemment avant tout contre lui-même et la vacuité médiocre d’un quotidien qui l’ennuie, mais dont il est bien l’acteur principal et le responsable. La résignation est un suicide quotidien nous disait ainsi Balzac.

Si au départ, on est quelque peu décontenancé par l’introduction d’un véritable phénomène SF comme ressort comique, avec cette journée qui se répète invariablement juste pour Phil, très vite le message d’Un jour sans fin va s’installer. On décide en effet de ce qu’on veut être et faire de sa journée. L’idée de comment sortir de son quotidien va ici être poussé à son paroxysme. Être meilleur, se foutre la paix à soi même en étant dans une authentique harmonie avec l’autre, en lui manifestant un sincère intérêt. La condition sera de se décentrer de ses névroses et turpitudes, pour apprendre à profiter de cette dinguerie quotidienne qu’est la vie. La morale pourrait être considérée comme un conte un peu facile voire niais, ou encore du bouddhisme de comptoir, mais c’est l’entrée d’une mise en scène géniale qui va faire toute la différence. Car Phil va à peu près tout tenter pour comprendre ce qui est attendu de lui et sur comment passer enfin au 3 Février. La colère, la folie, l’insouciance, le suicide et finalement, le choix de l’autre. C’est alors avec virtuosité qu‘Harold Ramis va dérouler la folle incongruité de l’idée de départ. Phil va comme devoir entrer en lui-même et par cette profonde introspection quasi spirituelle, essayer de revenir à son véritable moi en évacuant les oripeaux de ses médiocres prétentions matérielles.

Debout les campeurs !! le message radio avec en fond I Got You Babe, de Sonny and Cher, qui va se répéter inlassablement faisant du 2 Février un éternel recommencement, va devenir iconique et sera le symbole du renouvellement de ce que Phil pense alors être comme le cauchemar de sa vie. Sauf qu’en se réinventant, débarrassé des craintes du lendemain, il va donner la pleine mesure de sa propre humanité. En une seule journée, à force de la répéter, en se passionnant pour toutes et celles et ceux qu’il va croiser, car oui on pourrait écrire un roman sur la vie de tout le monde, il va réaliser les rêves de chaucun-e-, sauver des vies, devenir sculpteur, pianiste… Ainsi, le bonheur serait à portée de main, à condition de savoir où regarder. Mais sa plus vertigineuse amélioration sera particulièrement dans sa façon d’abandonner son hideux et odieux personnage de départ pour se concentrer tout entier sur Rita. Ce qui n’était qu’une attirance initiale un peu narcissique et purement corporelle, va se muer en l’apogée du sens de l’autre. Pour simplement trouver à chaque fois la phrase qui réussira à parler à sa belle, il sera prêt à recommencer le 2 Février un nombre incalculable de fois, juste pour qu’elle voit en lui une totale âme sœur, pour l’émerveiller, l’éblouir et peut-être se donner une chance de passer un véritable 3 Février. Un morceau d’hypocrisie peut-être, mais qui offre des scènes autant hautes en couleurs qu’inoubliables. Lors d’un des multiples 2 Février, il apprend que la formation initiale de Rita était la poésie Italienne du 19ème siècle. Le lendemain, soit le …. 2 Février… après en ellipse avoir appris par cœur juste ce qu’il faut, Phil récitera un poème phare de cette époque dans la langue d’origine. Il va ainsi multiplier toutes les connaissances les plus précises sur elle, jusqu’au bout de l’anecdote, pour arriver au 2 Février le plus parfait. Elle ne pourra que penser qu’il est fait pour elle, ou qu’il lui fait croire à l’amour en s’étant renseigné sur tout ce qu’elle est !!! En tous les cas, en la connaissant par cœur, il va l’aimer vraiment. Jusqu’à la parfaite émotion où il réussira à la convaincre du phénomène irréel du 2 Février qui revient sans arrêt tout en sachant que demain, elle aura tout oublié. Il lui avouera alors la puissance du sentiment amoureux qui l’anime. Il faudra alors qu’il la mérite. Et si demain, c’était enfin le 3 Février… Après ce moment si sincère et romantique. Il se réveille et… Debout les campeurs !! Avec en fond I Got You Babe, de Sonny and Cher…. On attendra pour que demain soit… demain….

Bill Murray n’est pas prêt d’oublier les marmottes. En effet, l’acteur aura été mordu deux fois par les adorables petites bestioles durant le tournage !! Il n’empêche que son désappointement constant, ce talent inégalé pour faire passer tant de sentiments et de messages par le non verbal de son faciès inégalement neutre, forgera sa légende de Droopy éternel. Il donne ici cette pleine mesure. Il est d’à peu près tous les plans et offre une régalade jubilatoire de chaque instant. Un immense et total numéro !! Andie MacDowell sans que ça soit uniquement se sa responsabilité est un peu contrainte de jouer du tambourin dans le one man show de Bill Murray, mais si elle le fait avec moins de charme que dans Quatre Mariages et un enterrement (1994), elle assure l’essentiel pour un rôle qui aurait mérité très certainement une écriture plus en profondeur. Au-delà du petit bijou filmique qu’est Un jour sans fin, si choisir ce qu’on veut faire de ses journées avec la bienveillance comme mode de vie était une clef du bonheur, l’amour sera comme à chaque fois la solution, John Lennon a toujours raison. Et si finalement demain était un autre jour…

Titre original: GROUNDHOG DAY
Réalisé par: Harold Ramis
Casting: Bill Murray, Andie MacDowell, Stephen Tobolowsky…
Genre: Comédie, Fantastique
Sortie le: 28 juillet 1993
Distribué par : –
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 90








































































































































