Critiques Cinéma

LE PRESIDENT ET MISS WADE (Critique)


SYNOPSIS : Andrew Shepherd est un président des États-Unis jeune, dynamique, populaire. Veuf, il élève seul sa fille. Candidat à un second mandat, il veut faire voter une loi sur la diminution de la pollution due aux carburants. Lorsqu’il tombe amoureux une avocate représentant une importante organisation écologiste, la presse et l’opposition crient au scandale. 

Lorsqu’il s’agit de rédiger sur Le Président et Miss Wade, on va fatalement beaucoup parler d’Aaron Sorkin, qui est ici au scénario, vu la suite de son œuvre. Alors commençons par évoquer le réalisateur Rob Reiner, à qui l’on doit Quand Harry rencontre Sally (1989) et ne serait-ce que pour le cultissime orgasme simulé de Meg Ryan au resto, et pour ce que cette scène a apporté au cinéma en particulier et à l’amour en général, « Eternal Thanks Mister Rob  ». Il peut dire du film du jour que c’est le plus «  construit » qu’il a réalisé, dans sa narration et dans la méticulosité de la reconstitution, de la Maison Blanche par exemple. En effet, le bureau ovale du Président et Miss Wade servira ensuite pour Nixon (1995) et Independance day  (1996)


La patte Aaron Sorkin est donc ici indéniable, l’aspect général classieux, la musique grandiloquente, l’image présidentielle chaleureuse et très colorée, le geste patriotique. Pas étonnant que 4 ans après, Aaron sortait le cultissime A la Maison Blanche (1999-2006), pour des siècles et des siècles (Amen républicain) inégalable en matière de récit politique. La présence de Martin Sheen dans le rôle de A.J Maclnerney sans qu’il ne soit président est savoureuse, quand on a regardé les 7 saisons de The West Wing  au bas mot 14 fois chacune. Quand même, le bureau ovale est celui de Martin Sheen en Président Bartlet !!! Mais faisons une exception pour Michael Douglas… Mais vraiment parce que c’est lui !! Ça aurait pu aussi être Robert Redford, ce qui fut prévu initialement.  D’autres dans le film, ont tapé dans l’œil de ce bon vieil Aaron, tel que Joshua Malina, Anna Deavere Smith et d’autres encore… Et il s’en servira à souhait pour la série. « Pour des raisons dépassant l’entendement, la population ne voit pas le lien entre les armes et les crimes qui sont commis avec  »… Cette phrase du Président Shepard démontre bien qu’au-delà d’une histoire de communication, en tous cas dans les années 90, la politique est une grande affaire de psychologie.


Ce genre de pépites fuse dans tous les sens, parmi ses pléthoriques et prolifiques conseillers. Comme dans la série que l’on sait, on parle beaucoup en marchant vite dans les couloirs de l’Aile Ouest, on est toujours très nombreux à squatter les canapés du bureau ovale pour faire œuvre du plus gros cerveau, face au chef du monde libre… C’est rapide, stimulant, ça enchaine les métaphores méticuleuses et c’est surtout diablement intelligent. «  La liberté est en marche  » est la première phrase dans Le Président et Miss Wade. Marqueur d’une communication politique, qui depuis presque trois décennies se réinvente finalement très peu… Un poil rance et suranné sur la façon dont le président fait la cour à Miss Wade, dans un premier temps, juste car elle lui résiste, mais disons que c’est d’époque. C’est viril et patriarcal comme dans l’anti amour absolu de la même décennie vue dans Pretty Woman (1990), qui se fonde initialement sur des enjeux de pouvoir, d’argent, de grandeur… Alors forcément, un président amoureux vient bousculer tous les codes, dans ce contraste saillant de l’humanisation d’un super héros, DU super héros… On est ici deux ans après l’élection de Bill Clinton, avant le scandale que l’on sait, et le temps est encore au « glam », et à la sacralisation de la fonction. Un brin de cucuterie, mais quand même c’est assez méga fun de contempler le président qui se décale complètement de sa fonction pour compter fleurette et jouer les jeunes premiers. La cocasserie est évidement totale dans cette aspiration amoureuse du patron de l’univers. C’est aussi une vision très positive et optimiste de la politique, là aussi façon Aaron Sorkin, dont une des sources d’inspiration demeure Franck Capra, et notamment M. Smith au Sénat (1940) qui est d’ailleurs rapidement cité en clin d’œil dans la bouche d’Ellen Wade.


Le pacifisme chevillé au corps, l’humanisme ancré du président sont contrariés par l’ordre mondial et ses belligérances ordinaires… Il est lettré, cultivé, multiplie les traits d’esprit et son opposant principal est plus… terre à terre et se veut plus proche de l’américain moyen, populisme finalement assez méprisant. Là encore, c’est ici le futur portrait du président Bartlet de la série, mais incontestablement, toutes les prémisses sont là. L’ensemble est quand même un peu lisse, et éloigne toute noirceur, pour jouer la carte du glamour, du clinquant de la maison blanche, ce qui est un style, une intention et après tout pourquoi pas, mais plus de complexité, de nuances et densité n’auraient pas nuit. En revanche, ce qui donne une force singulière à Le Président et Miss Wade est une remarquable qualité d’écriture, qui accroît la force romantique et l’attrait littéraire de l’ensemble. Annette Bening est lumineuse en amoureuse qui vit son conte de fées dans une maison de couleur blanche et une pièce ovale avec 4 accès différents. L’iconique Michael Douglas campe sur un mode très convaincant ce président progressiste. Michael J Fox et Martin Sheen sont au diapason. D’un point de vu purement romantique, le film est un tantinet gentillet et n’apporte pas grand-chose au genre. Évidemment toute sa singularité tient à la fonction présidentielle de l’amoureux… Et d’un point de vue politique précisément, Le Président et Miss Wade jette les bases d’une façon de filmer les coulisses du pouvoir qui est assez passionnante, dans sa tentative d’intellectualiser le débat, par l’importance du verbe. En cet aspect, le film compte et continuera à compter comme un marqueur.


Titre Original: THE AMERICAN PRESIDENT

Réalisé par: Rob Reiner

Casting: Michael Douglas, Annette Bening, Martin Sheen

Genre: Comédie, Romance

Sortie le: 13 décembre 1995

Distribué par:  United International Pictures (UIP)

3 STARS BIEN BIEN



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