Critiques Cinéma

LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER (Critique)

SYNOPSIS : Un chapitre glaçant du classique de la littérature fantastique Dracula de Bram Stoker, LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER relate le destin tragique d’un navire marchand, le Demeter, affrété pour transporter une cargaison privée, composée de 50 caisses en bois, des Carpates à Londres. Accablé par d’étranges événements, l’équipage du Demeter tente de repousser une présence impitoyable qui les assaille chaque nuit. Quand le navire atteint enfin la côte anglaise, ce n’est plus qu’une épave délabrée et calcinée, sans un seul survivant à bord. 

On ne compte plus sur les écrans les visites/revisites/adaptations/réadaptations mouvantes autour du classique Dracula de Bram Stoker. Successivement, toutes ses œuvres ont vite fait de démocratiser et iconographier le mythe du vampire le plus célèbre du monde sous toutes les formes imaginables et sous les radars d’un spectre artistique très ample (le Comte a connu les efforts de Tod Browning, Friedrich Murnau, Werner Herzog, Francis Ford Coppola, Dario Argento ou encore très récemment Chris McKay). En 2019, les showrunners anglais Mark Gatiss et Steven Moffat (les têtes pensantes de Sherlock et des saisons 5 à 9 de la renaissance de Doctor Who) s’emparaient du mythe de Stoker pour l’adapter en mini-série, chacun des trois épisodes de plus d’une heure explorant une partie de la légende vampirique. Le second suivait Dracula, embarquant vers l’Angleterre par la mer, et provoquant à bord du bateau la terreur et le chaos. Cet épisode était largement inspiré de l’un des moments forts du roman originel, Le Carnet de Bord du Capitaine du Demeter. Et c’est ce passage qu’adapte aujourd’hui le réalisateur norvégien Andre Øvredal (derrière The Jane Doe Identity, ou encore Scary Stories) dans le bien nommé Le Dernier Voyage du Demeter.


On y suit le périple du Demeter, un bateau en provenance de Roumanie et en direction de l’Angleterre. Alors que son équipe fait le plein de moussaillons lors d’une escale, le navire embarque de lourdes caisses en bois et le costaud médecin Clemens à son bord. Au large, la nuit tombée, d’étranges évènements secouent les planches du Demeter, et les membres d’équipage disparaissent les uns après les autres, happés par une créature nocturne redoutable…



En s’emparant de la légende de Dracula pour la minimaliser dans un récit à high-concept enfermé dans un huis-clos de fortune à ciel ouvert, Øvredal plante les racines d’un survival horrifique sous haute-tension, enflammé par son esthétique gothique et crépusculaire et par un monstre invisible aux dents pointues. En reconsidérant la figure mythique de Dracula façon boogeyman sauvagement impitoyable, monstre chauve-souriesque diablement mutique, le duo de scénaristes Bragi F. Schut/Zak Olkewicz dissout son récit parcellaire dans un simili-slasher movie, actionnant le levier « film de monstre » sous la bannière de l’efficacité. La mise en scène d’Øvredal, mécanique s’il en est, manque rapidement de souffle et d’ampleur pour véritablement embarquer la croisière, mais pose suffisamment ses conditions pour permettre un survival simpliste et unilatéral. Via le point de vue de ses membres d’équipage – en particulier le médecin Clemens, la survivante roumaine Anna, le Capitaine d’honneur et son Second méfiant – dans un script qui agite le cycle jour-nuit façon compte à rebours avant la prochaine attaque de sa créature tapie dans l’ombre, Le Dernier Voyage du Demeter déploie douloureusement ses ailes dans quelques envolées mortelles qui accompagnent les volontés tendues du récit, malheureusement sans réussir à le faire tutoyer les précédentes incarnations de Dracula. Et bien que son casting (composé par Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham et David Dastmalchian) se débat honorablement avec un scénario balbutiant et plutôt avare en caractérisation de personnages, Øvredal réussit à insuffler à ce jeu de survie une angoisse bien bouclée bien que très prévisible, offrant une exploration étonnante du fameux Journal de Bord rédigé par Stoker – avec quelques passages qui semblent TRÈS inspirés par la merveilleuse série Midnight Mass de Mike Flanagan, qu’on vous encourage vivement à dévorer si ce n’est déjà fait.


Son essentialité restant toujours questionnable, il s’avère pourtant que cette réinvention charnelle et monstrueuse de Dracula (habité par un impeccable Javier Botet, aka le code de triche du cinéma horrifique actuel) séduira les amateurs de jeu de massacre à échelle réduite par son spectacle convenu mais assuré et les jolies notes de la bande-originale de Bear McCreary. On espèrera dans le futur définitivement plus de Dracula et d’Øvredal, mais en attendant, on se contentera de se mettre ce tempétueux Demeter sous les dents.

Titre Original: THE LAST VOYAGE OF THE DEMETER

Réalisé par : André Øvredal

Casting : Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham …

Genre: Epouvante-Horreur, Thriller

Sortie le : 23 août 2023

Distribué par: Universal Pictures International France

BIEN

 

 

 

 

 

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