Critiques Cinéma

4 MARIAGES ET UN ENTERREMENT (Critique)


Charles est célibataire. Seul compte son petit cercle d’amis, composé de Fiona, Gareth, Tom, Matthew et Scarlett, sa co-locataire. L’amour ne le tente pas et quand il fait la connaissance de Carrie lors d’un mariage où il officie en tant que témoin, il n’imagine en rien la passion qui va l’envahir. Car Charles tombe amoureux de Carrie. Et ses retrouvailles quelques mois plus tard avec la demoiselle, sur le point de se marier avec un riche Ecossais, ne vont que confirmer les sentiments qu’il éprouve pour elle…

Quatre mariages et un enterrement, film générationnel de Mike Newell à la réalisation et avec Richard Curtis au scénario est une incarnation de l’humour et de la finesse so British par excellence. Quatre mariages et un enterrement fut cette flamboyante démonstration de ce que le cinéma outre-manche peut produire de plus séduisant et classieux en termes de raffinement, d’humour typiquement anglais dans sa manifestation la plus tendrement loufoque. Au-delà d’une certaine évidente nostalgie pour quiconque a vécu l’événement à sa sortie, tout fait ici excellence. Le romanesque prenant de l’histoire, l’originalité brillante de la mise en scène, un casting aux inoubliables allures, des dialogues inscrits au panthéon des répliques cultes du septième art, une bande son qui est le film…. Quatre mariages et un enterrement bénéficiait d’un budget de 6 millions de dollars. A l’arrivée, le long-métrage a remporté 244,1 millions de dollars de recettes à travers le monde.


C’est le début d’un personnage archétypal « so cute », tellement séduisant pour le charismatique Hugh Grant, qui est ici doublé dans la version française par un certain Vincent Cassel, encore peu connu à l’époque. Une des premières répliques cultes avec Fiona, rien d’autre que la délicieuse Miss Kristin Scott Thomas : « Il y a du grand art dans tes retards  » …. Chaque mariage va avoir son lot de scènes cultes et de vannes inoubliables, entre les alliances perdues et douteusement remplacées, un certain Rowan Atkinson en prêtre bafouilleur qui confond épouse et pelouse légitime, ou un pin légendaire en pleine face du marié… Parfois la question n’est pas de savoir avec qui on se marie, mais plutôt… contre qui !! C’est évidemment l’alchimie totale, touchante et si empathique du duo tellement glamour entre Andie MacDowell et Hugh Grant, avec l’universalité d’un amour forcément à un moment impossible. Dès qu’ils se retrouvent, c’est électrique, l’essayage des robes de mariée, le décompte qualitatif et quantitatif de ses amants à elle, moins que Madonna, mais plus que Lady Di. Mais surtout sa déclaration à lui… Totalement maladroite et donc attendrissante : « Pour paraphraser ce que disait David Cassidy dans un des épisodes de la famille Partridge, je crois que je t’aime et je je je… me demandais si par hasard, tu n’envisageais pas de …. non, non… bien sûr que non, je suis un imbécile. Dis non, y’a rien à dire … C’est fantastique, voilà, j’ai été ravi, excuse-moi, on m’attend… « 

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Mais c’est aussi toutes les histoires en parallèle, les croisements amoureux, la quête perpétuelle de l’union idéale notamment ce qui va magnifiquement unir David, le frère sourd et muet de Charles, avec celle qui pour lui en secret va apprendre pendant des mois la langue des signes. Et puis il y aura ce maudit mariage de Carrie, qui au-delà du désespoir de Charles verra Fiona dans une poignante confession lui avouer son amour secret depuis des années. Amour sans retour, tant il la considère comme une amie si importante. Aucun des deux n’y peux rien, c’est l’histoire universelle de la cour d’école, c’est la tragédie du dépit amoureux, c’est un moment bouleversant.  Mais un mariage qui verra surtout la fin terrible de Gareth, au creux et au cœur de ses excès favoris. Un dramatique événement qui vaudra l’enterrement de 4 mariages et un enterrement et une scène bouleversante que l’on oubliera jamais. Matthew, déjà beau comme un dieu, au sommet de son émotion sera sidérant de magnétisme. Pour rendre le plus beau des hommages à son amour perdu, car les mots lui manquent, il empruntera ceux du poète W.H. Auden : « Arrêter les pendules, couper le téléphone. Empêcher le chien d’aboyer pour l’os que je lui donne. Faire taire les pianos, et sans roulements de tambour, sortir le cercueil avant la fin du jour. Que les avions qui hurlent au dehors, dessinent dans le ciel ces trois mots : il est mort. Nouer des voiles noires aux colonnes des édifices, ganter de noir les mains des agents de police. Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest, ma semaine de travail, mon dimanche de sieste, mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson. Je croyais que l’amour jamais ne finirait, j’avais tort. Que les étoiles se retirent, qu’on les balaye. Démonter la lune et le soleil, vider l’océan, arracher la forêt, car rien ne bon ne peut advenir désormais. »

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Après un tel bouleversement où nous aussi, nous étions tous en pleurs à l’église avec eux, fallait-il un happy-end… Pour une génération plus jeune, qui devra se précipiter sur le premier support venu pour cet urgent déniaisement, nous tairons le mystère… Juste, car on est Angleterre, ça finira sous la pluie battante et avec le son légendaire et bien nommé de Wet Wet Wet Love is all around (1994). Hugh Grant est évidemment au sommet dans cette interprétation maladroitement séductrice. Il est à tomber, et incarne à lui seul le sensuel charme britannique dans sa version la plus romantique. Heureusement car à ce moment-là, faute de trouver des rôles, il était sur le point d’arrêter sa carrière. Pour la petite histoire, auditionné parmi 70 acteurs, il a décroché le rôle en montrant à l’équipe du film une vidéo du discours très drôle et justement très maladroit qu’il avait prononcé au mariage de son frère dont il était le témoin !! Andie MacDowell est son parfait double, troublante jusqu’au fond des yeux, c’est toute une génération qui va tomber amoureux !! La bande de potes est énorme elle aussi, ils sont nous tous. Avec Simon Callow, ce démonique Gareth, le chef de meute, tellement excentrique de tendresse. Charlotte Coleman, la meilleure pote Scarlett, petite souris du groupe, dont l’espièglerie irradie la caméra à chaque apparition. Mais deux mentions immenses à Kristin Scott Thomas, dans la froideur de son élégance, son humour corrosif et son désespoir qu’elle nous fait passer souvent sans même dire un mot. Une immense dame. Et évidemment pour John Hannah dans le rôle de Matthew, car il y a la scène anthologique de l’enterrement, mais tout le long, tout en rictus, en hochements de tête, en cérébralité, l’acteur nous touche au cœur. Un immense Monsieur.  4 mariages et un enterrement aura marqué définitivement toutes et celles et ceux qui auront eu le bonheur de le croiser. Non seulement, aucun signe de vieillissement en vue, mais à l’inverse, plus que jamais d’actualité sur la difficulté d’aimer de tout son cœur et encore plus de l’être en retour. Sauf qu’on se marre à peu près tout le temps, qu’on pleure, qu’on réfléchit, et qu’on se régale de ce petit miracle de cinéma.

Titre Original: FOUR WEDDINGS AND A FUNERAL

Réalisé par: Mike Newell

Casting : Hugh Grant, Andie MacDowell, Simon Callow…

Genre: Comédie, Drame, Romance

Sortie le: 27 avril 1994

Distribué par: Pan Européenne Édition

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