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SYNOPSIS: Ce samedi matin-là, dans la banlieue de New York, tout semble normal dans la vie des Hanson. Alors que Charles, le père, passe un test de conduite, sa femme Nanette ouvre la bijouterie familiale. Leur fils aîné, Andy, s’inquiète pour le contrôle fiscal qui débute lundi. Et comme d’habitude, Hank, son frère cadet, se noie dans ses problèmes d’argent. Mais à 7h58, ce samedi-là, tout va basculer dans la vie des Hanson.
Sidney Lumet, le réalisateur est ce grand narrateur de la dislocation des Etats-Unis. Ce qu’il exécute à nouveau ici, à travers cette terrible déliquescence familiale. Une famille américaine typique, mais qui sous fond de cupidité, va dans un sordide avènement capitalistique se déchirer horriblement. 7h58 ce samedi-là est ici un peu filmé façon Rashomon (1950) avec ce prisme d’une même scène vu sous des angles et des justifications différentes pour les protagonistes. Comme une variation sur la vérité. Il y met toute sa passion et expérience, ce qui offre ici une mise en scène chirurgicale autant qu’addictive, avec une tension latente, comme une angoisse permanente. Au moment du tournage, Sidney Lumet est alors âgé de 83 ans, pour autant, aussi bien les acteurs que les équipes techniques disaient que sur le plateau, il était aussi passionné et fougueux qu’un trentenaire…. Son intacte passion du cinéma est saillante et on le sait, on le sent dans 7H58, ce samedi-là… Le réalisateur des, entre autres, inoubliables 12 hommes en colère (1957), Un après-midi de chien (1976), Serpico (1974) ou encore Point Limite (1964) n’a ici rien perdu de sa superbe. La première image de 7h58 ce samedi-là est une sodomie… Sidney Lumet offre toujours un cinéma sans détour et semble ici d’emblée nous prévenir qu’il ne dérogera pas à la règle. Le titre original du film est May you be in heaven half an hour… before the devil knows you’re dead, comme chacun a déjà compris : Puissiez-vous passer une demi- heure au paradis avant que le diable apprenne votre mort. On vit dans un monde diabolique semble vouloir nous dire Sidney Lumet.

La musique est lancinante, oppressante, qui donne un rythme, une tonalité, une couleur au film. On est dans le pur domaine du thriller psychologique familial. La maestria du scénario va conduire les deux frangins au pire des ressentiments, introspections puis agissements pour couvrir leur abomination. Ils savent que le pire a été commis et doivent pour autant tenter de sauver leur peau.

Les pires trahisons imaginables vont être révélées, une famille va se déchirer et nous sommes pris à témoin de l’explosion des névroses. Comme si de l’hémoglobine émotionnelle et affective ruisselait sur les murs. Qu’est ce qui nous pousse face à des situations similaires à agir de telle ou telle façon. Tout est ici recontextualisé, les masques tombent et on est globalement happés par l’histoire dans ses aspérités les plus glauques. Et le glauque, le sordide, ce qui s’est passé ce samedi-là à 7h58 va nous y amener dans ses plus basses et abyssales profondeurs. La plupart des acteurs, du moins les principaux, sont issus du théâtre et leurs respectives interprétations, donnent un immense relief en accentuant les émotions communicatives qu’ils font ainsi passer.

A ce petit jeu-là, Philip Seymour Hoffman écrase tout. Il oscille entre une prétention très capitaliste, puis dévoile une angoisse progressive, allant jusqu’à une forme de folie très désespérée. Cette montée en puissance sous forme d’explosion des névroses est très spectaculaire du simple point de vue du jeu. C’est clairement une interprétation inoubliable. Ethan Hawke est un Hank assez bouleversant dans son ordinaire médiocrité, dans l’expression de ses angoisses en symétrie de son frère, et dans une forme de faiblesse pathétique. Il semble dans une constante supplique. Lui non plus, nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Albert Finney joue ce patriarche qui à lui seul symbolise la faillite d’un système. Sa souffrance à lui aussi est déchirante. Au final, 7h58 ce samedi-là porte un terrible désespoir, celui de la platitude ordinaire d’une vie familiale outre atlantique où seul l’argent vient en lumière. Sidney Lumet confronte ces aspirations médiocres à l’essentiel, l’amour des siens, et la démonstration est totale, magistrale.

Titre original: BEFORE THE DEVIL KNOWS YOU ARE DEAD
Réalisé par: Sidney Lumet
Casting: Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Marisa Tomei …
Genre: Thriller, Drame
Sortie le: 26 Septembre 2007
Distribué par : –
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2000








































































































































