LA BATAILLE DE LA PLANÈTE DES SINGES (Critique)

Par Pierre Chamb le août 4, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Sur la Terre dominée par des singes, Caesar, pacifique, doit affronter le général gorille Aldo. Mais une autre menace fait son apparition : des mutants commandés par le gouverneur Kolp.

Toutes les bonnes choses ont une fin, et ce cinquième volet signe la conclusion de la saga originale des années 1960-1970. Malheureusement, qu’on se le dise tout de suite, ce n’est pas une fin à la hauteur des précédents volets, une sortie ratée en quelque sorte, mais on le sait il est très difficile pour une saga d’avoir 5 films de haute qualité, c’est du jamais vu. Il y a forcément des hauts et des bas, après un premier épisode exceptionnel, un deuxième très loin des standards, le troisième qui donnait un nouvel air et le quatrième qui plaçait les bases d’une prise de pouvoir par les singes, le cinquième opus n’arrive pas à poursuivre dans cette voie et ressemble plutôt au Secret de la planète des singes tant il n’apporte pas grand-chose dans la continuité de cette riche histoire. Il est déjà difficile de faire une série de films sur un concept de singes parlants qui ont conquis le monde, mais cette saga aura eu le mérite de réussir à transposer cela sur grand écran malgré parfois des faibles budgets, tout en s’appuyant sur des bouleversements et problématiques sociales réelles de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Le but de La bataille de la planète des singes est clairement de faire (encore) avancer l’histoire de la révolte, à tel point que les singes ont pris le dessus sur les humains. Mais pas forcément de leur propre fait, contrairement à ce que la fin du précédent volet pouvait laissait penser. D’après leurs dires c’est la bêtise humaine qui a permis aux singes de prendre le pouvoir, ils se seraient décimés eux-mêmes dans une guerre nucléaire. Laissant les derniers survivants vivre dans une zone pleine de retombées radioactives appelée la cité interdite, ces humains ressemblant à des mutants vivent entre eux et nourrissent une profonde haine envers les singes. Tous ces termes, cité interdite, arme nucléaire et mutants, nous font penser évidemment aux événements du second opus.

Il faut se rappeler que pour pallier au manque du budget du premier film, Franklin J. Schaffner avait modifié l’histoire originale en montrant des singes dominants mais aucunement évolués au niveau de la technologie. Alors que dans son roman, Pierre Boule nous décrivait une civilisation de singe évolué vivant dans de grandes villes, conduisant des véhicules futuristes etc… Il fallait donc trouver la parade pour détruire le monde vu dans le 4ème volet (New-York et ses buildings), c’est de là qu’est venue l’idée d’une guerre nucléaire. La bataille de la planète des Singes se déroule donc en grande partie dans ce qui ressemble à un petit village digne de l’âge de pierre, construit en très peu de temps pour un court métrage. Le superviseur scénaristique de la série Paul Dehn a proposé le concept, mais pour des raisons de santé il a dû laisser sa place. Le scénario proprement dit a été écrit par John William Corrington et Joyce Corrington, Dehn l’a tout de même relu et substantiellement réécrit, à leur grande consternation. Mais malgré trois auteurs sur le sujet, l’ambition n’est plus au rendez-vous.

L’ouverture nous amène 12 ans après les émeutes, on retrouve César (Roddy McDowall, plus rigide et caoutchouteux que jamais) et la communauté de singes qu’il a formés. Ils vivent dans une incertitude constante avec une population d’humains qui restent en bonne santé selon les règles fermes de César pour un comportement approprié. On découvre les différentes classes qui composent le clan, les chimpanzés intellectuels et bavards, les gorilles qui expriment leurs points de vue mais toujours avec un côté méchant et hargneux. Et pour finir les orangs-outans avec leurs côtés politiciens qui débâtent de philosophie et du sort des humains. L’intrigue à se noue avec la soudaine envie de César de découvrir un message vidéo de ses parents dans la ville mutante. Ils vont alors se retrouver en face d’un autre groupe de méchants dirigés avec une certaine ferveur par Kolp (Severn Darden) l’un des méchants du film précédent qui déteste les singes et se préparent à éradiquer la population simiesque.

Malheureusement le film n’est pas en mesure de susciter beaucoup d’intérêt, malgré le fait d’injecter une intrigue secondaire concernant un drame familial. Les scènes d’actions sont à toute petite échelle et les contraintes budgétaires se font sentir à peu près partout dans le film. Malgré ce dernier opus qui manque cruellement d’idées et de renouvellement, celui-ci marque la fin de cette très bonne saga de science-fiction qui aura séduit de nombreuses générations et donné l’inspiration ensuite pour une série télévisée en 1974 (mettant également en vedette Roddy McDowall), ainsi qu’une nouvelle franchise dans les années 2000.