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SYNOPSIS : Audrey demande à son amie d’enfance Lolo, à son ancienne coloc Kat devenue star de feuilletons chinois et à Deux de Tens’ l’excentrique cousine de Lolo de l’accompagner en Chine à la recherche de sa mère biologique. Mais leur voyage se transforme en la plus dingue des expériences durant laquelle les jeunes femmes vont enchaîner les galères !
Avec un projet comme Joy Ride, pas étonnant de trouver les noms de Evan Goldberg et Seth Rogen à la production. Les deux compères, rois modernes de la comédie trashos délicieusement débile US (SuperGrave, This is the End, The Interview et bientôt le retour animé et ado des Tortues Ninjas), continuent de faire leurs armes en signant la scénariste et productrice de télévision Adele Lim (on lui doit les scripts de Crazy Rich Asians et Raya et le Dernier Dragon) à la réalisation de son premier long-métrage de cinéma. Rassemblant un parfait quatuor chaotique autour d’un concept asio-centré de recherche de son identité au milieu des ravages de l’âge adulte, Joy Ride est une belle chevauchée explosive qui secoue son petit monde. Sous l’écriture du duo Cherry Chevapravatdumrong / Teresa Hsiao, Joy Ride raconte l’histoire mouvementée de deux meilleures amies d’enfance, américaines originaires d’Asie. Audrey a été adoptée par deux parents blancs, et nourrit l’ambition de devenir une grande avocate. Lolo est issue d’une famille chinoise immigrée et peine à apercevoir un bel avenir autre que ses étonnantes créations artistiques. Alors qu’Audrey est envoyée par son patron en Chine pour signer un contrat primordial, Lolo l’accompagne en voyant pour son amie la possibilité de retrouver sa mère biologique. Le duo embarque avec la cousine Kpop Stan de Lolo, habilement surnommée Deadeye, avant de croiser la route de Kat, ancienne colocataire de Audrey devenue une comédienne star en Asie.

Dans la lignée du buddy movie R-rated typique de la nouvelle génération d’humoristes américains (sous la tutelle de maîtres du genre, comme Judd Apatow), Joy Ride est de ces films qui propulsent une galerie improbable de personnages hauts en couleurs, aux personnalités aux opposés pour les faire se collisionner dans une aventure rocambolesque faite de drogue, d’amitié qui vole en éclat, de vannes sous la ceinture et d’une bonne centaine de gags situationnels qui titillent la frontière de la bienséance. Mais Joy Ride est un objet curieusement attachant, utilisant avec intelligence et sans aucune médisance les défauts de ses personnages pour les rendre ultimement humains et profondément sympathiques. Le quatuor de tête, beau concentré de chaos et d’invraisemblances rythmiques, est la figure-type de la galerie parfaite de protagonistes d’un tel projet, servant chacun à sa manière les différents propos du film. Car Adele Lim signe un récit riche qui appuie ses ambitions de chronique générationnelle, guidant les quatre héroïnes aux sources de leurs origines et de leurs identités. Audrey, qui n’a connu que l’éducation de sa famille blanche, trouve ses à priori mis en branle par la recherche de sa mère biologique, laquelle occasionne une émotion parfaitement distillée à l’issue du parcours.

De l’autre côté, Lolo mène elle aussi une transformation de fond, questionnant à la fois la place des enfants adoptés et immigrés, ainsi que de la complexité de l’identité et des fondements de l’amitié (lors d’une de leurs innombrables disputes, Lolo balance à Audrey qu’elles n’auraient jamais été amies si elles n’avaient pas toutes les deux été asiatiques). En soit, Joy Ride trimballe des apparences particulièrement trashs – mettant dans quelques scènes les pieds dans le too much – mais trouve constamment le moyen d’être plus intelligent que ses apparences en nourrissant un propos social conséquent qui lui fabrique un joli cœur qui bat sous ses excès euphorisants et hallucinés.

Habité par la course effréné de son quatuor de tête – fantastiques Ashley Park, Sherry Cola, Stephanie Hsu et Sabrina Wu – dans un road movie à travers la Chine qui pose les contradictions de la tradition et de la modernité vues par le prisme de la jeunesse d’aujourd’hui, Joy Ride est un pur plaisir absolument hilarant et particulièrement libérateur, pliant dans sa valise des codes esthétiques empruntés des classiques asiatiques, de la comédie stoner américaine, du manga et de la Kpop (la scène des Brownie Tuesday est un summum de n’importe quoi qui finit magiquement par imposer son délire). Adele Lim signe une première réalisation un peu limitée par son envie d’excès et d’imagerie trash, mais génialement précise et d’actualité sur ses sujets de fond et sur le traitement parfait de ses héroïnes. Les classiques de la comédie US embarquent dans cet agréablement pop Joy Ride, sorte de lancée inarrêtable et foutraque au possible qui s’éclate autant qu’il nous éclate avec ses figures imparfaites, son humour férocement tâchant et son émotion tangible.

Titre original: JOY RIDE
Réalisé par: Adele Lim
Casting: Isla Rose Hall, Stephanie Hsu, Ashley Park …
Genre: Comédie
Sortie le: 05 juillet 2023
Distribué par : Metropolitan FilmExport
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































