Critiques Cinéma

FARANG (Critique)

SYNOPSIS : Sam est un détenu exemplaire. A quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidument sa réinsertion. Lors d’une permission, son passé le rattrape et un accident ne lui laisse qu’un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, l’oblige à plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau. 

Si il a présidé aux destinées de Hitman, c’est plus pour son travail sur l’horreur ou la science-fiction (Frontière(s), Cold skin...) et de manière plus générale sur le film de genre que Xavier Gens s’est imposé comme un metteur en scène singulier et un regard qui compte. Si Budapest (2018) était un pas de côté surprenant du côté de la comédie, celui qui a été stagiaire sur des films de Tsui Hark (Double team), Ringo Lam (Risque Maximum) ou John Frankenheimer (Ronin) a démontré sur les trois épisodes de la première saison de Gangs of London qu’il a dirigé, qu’il possédait une appétence et un talent hors normes pour mettre en scène l’action avec un panache qui n’appartient qu’aux plus grands. Avec Farang, il s’aventure dans le revenge movie et si son scénario (co-signé avec Guillaume Lemans et Magali Rossito) est parfois un poil balisé, il n’y a pas le moindre doute. Le pied que l’on prend devant Farang est gigantesque et il vous arrive droit dans la figure. Farang est un vrai film d’action sur-vitaminé où les combats filmés par Xavier Gens  vous laissent littéralement étendus pour le compte. Coups de poings, de pieds, de coudes, os qui se brisent en miettes, les chorégraphies mises au point par le réalisateur et son équipe sont tout réellement étourdissantes et sensitives. On finit littéralement épuisés et repus dans le bon sens du terme par cet enchainement de violence qui impressionne fortement la rétine.

Accompagné de son coordinateur des combats, Jude Poyer qui a collaboré avec les plus grands du genre de Jackie Chan à Jet Li, Xavier Gens a  trouvé le  meilleur équipier pour donner vie à ces combats crépusculaires, à la fois secs et poisseux dont on se demande comment ils ont pu être chorégraphiés et réussis de la sorte. Xavier Gens conquiert ici la plus belle place qui soit  en proposant des scènes impressionnantes mais qui ne suffiraient pas à faire un film réussi. Car Farang, ce n’est pas que de l’action en continu, ce sont aussi des cadrages impeccables et une photographie soignée (de Gilles Porte) et la preuve que Xavier Gens est un cinéaste complet pour qui la forme compte autant que le fond. Mais revenons à l’action brute et au plaisir que l’on y prend surtout qu’elle ne souffre d’aucun des scories habituels qui polluent souvent un cinéma d’action standardisé. Aucun sur-découpage superflu, une action lisible et une immersion complète au centre de ces bastons homériques. On se retrouve plantés au centre d’un récit imprégné d’une rage folle pour surmonter l’insupportable.

Conçu en trois gros actes aux morceaux de bravoure époustouflants, Farang s’est aussi doté d’une tête d’affiche spectaculaire avec Nassim Lyes. D’un physique de gladiateur et d’un charisme fou, le comédien bouffe l’écran et place des coups de tatane qui font mouche à chaque fois. Mais il sait aussi insuffler de l’émotion à son personnage ainsi qu’une rage qui accompagne son périple vengeur. Face à lui, Olivier Gourmet campe un savoureux bad guy qu’on adore détester, un rôle dans lequel il excelle. Ne vous méprenez pas, Farang n’est pas un film parfait, il manque parfois d’un peu de subtilité dans certains de ses effets et on voit certains rebondissements arriver, mais c’est un film de genre qui pourrait représenter le début d’une nouvelle ère pour le cinéma français et montrer qu’il peut rivaliser avec le cinéma américain ou asiatique quand on accorde aux cinéastes ambitieux et talentueux un minimum de confiance. Avec son amour qui transpire pour le cinéma de genre Xavier Gens reste aussi un véritable formaliste. Avec Farang à l’intersection entre The Raid et Gangs of London il réussit un film plein de furie où les os craquent et les mâchoires explosent porté par le charisme de Nassim Lyes.

Titre original: FARANG

Réalisé par: Xavier Gens

Casting: Nassim Lyes, Vithaya Pansringarm, Loryn Nounay …

Genre: Action

Sortie le: 28 juin 2023

Distribué par : StudioCanal

EXCELLENT

Laisser un commentaire