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SYNOPSIS : 1997, Anvers. Frank Verstraeten, génie informatique au flair avéré pour les affaires, est fasciné par la vie nocturne. Avoir sa propre discothèque, et écraser, mieux, annihiler la concurrence. Superficie géante, piste de danse tournante, spectacles laser, feux d’artifice : ZILLION en met plein la vue. Pour s’assurer la présence des plus belles femmes du pays, Frank fait appel à une connaissance Dennis Black Magic, roi du porno local. Le cocktail sexe, drogue et musique techno est imparable ! Mais le succès attise la jalousie, et Frank ne tarde pas à se faire des ennemis aussi bien parmi ses employés que ses concurrents…
L’année dernière, en Belgique, le king du box-office était local. Signé par Robin Pront (réalisateur des Ardennes en 2016, son dernier film en date), Zillion raconte un mythe moderne national par le prisme du flamboyant Frank Verstraeten et de sa rocambolesque ascension vers la gloire. Le film revient en 1997, alors que le jeune Frank, génie en informatique, décide de monter sa propre entreprise d’importations de pièces électroniques low cost chinoises en Belgique. L’idée attire une quantité astronomique d’argent, en même temps que l’attention appuyée des autorités qui cherchent désespérément à mettre la main sur les preuves de ses magouilles financières. Mais Frank a une ambition gigantesque (qui compense hautement son complexe d’infériorité conféré par sa petite taille), et s’allie avec le roi du porno belge, Dennis « Black Magic » Burkas, pour monter le projet le plus controversé et le plus électrique d’Anvers : une discothèque où tous les excès sont permis. Alors que son couple – tête d’affiche des journaux people de la fin des 90s – avec la Miss Belgique Vanessa Goossens le met encore plus dans la lumière, sa chute se préfigure sous les traits de tout un tas de figures qui cherchent à détruire ce qu’il a bâti.

Zillion tire de son incroyable histoire, mélange de faits réels et d’intrigues inventées (comme l’indique sarcastiquement le carton d’ouverture), une fresque chaotique de 2h20, sorte de partition techno déchaînée et instoppable inspirée du cinéma de gangsters et de celui de Scorsese – on retrouve des Affranchis, de Scarface et du Loup de Wall Street dans ce joyeux bordel où la nuit s’étire jusqu’à tout avaler. Pront se sert du récit haut en couleurs et en anecdotes improbables pour construire son film, bombardant autant d’imagerie de la nuit et de ses instants de débauches au cœur de cette boîte de nuit prétexte à l’excès. Zillion est un cocktail siphonné, peuplés de sachets de cocaïne, de shots de vodka, de liasses de billets, de sexe luxurieux et sans limites, de violences morales et de castagnes à main armée, propulsant son spectateur dans un feu d’artifice outrageux et foutrement jouissif. En posant dans son concept-même la justification de la profusion déraisonnée de sa mise en scène, Pront entraîne son public sous les néons et l’eurodance des années 90, laissant l’ego gargantuesque du pseudo-gangster moderne Frank Verstraeten préfigurer son impressionnante chute de son piédestal doré. L’explosion, camouflée par les effets de l’ecstasy, les basses qui secouent les tripes et les stroboscopes qui découpent les sens, se fait entendre finalement à la fermeture de son parcours, comme un retour à la réalité façon redescente ou gueule de bois infernale. Et, comme tous les personnages sont dépeints comme des enflures finies à l’égocentrisme et aux besoins de validations surdimensionnés, la conclusion se montre à la fois juste comme un retour du karma mais aussi frustrante par l’absence quasi-totale de conséquences. Zillion, comme l’histoire presque vraie qu’il adapte, est une invraisemblance, une anomalie pourtant parfaitement témoin des failles totales qui détruisent la société moderne. Car, en mettant en images et en sons tous les excès les plus violents et les plus sales, sortis des pulsions primordiales de la nature destructrice de l’Homme, le metteur en scène se balade entre les propos et les contenus chocs quitte à défibriller le milieu. C’est aussi l’un des défauts les plus marquants du film, qui manque d’un véritable point de vue au milieu de toute cette cacophonie poudreuse et alcoolisée, semblant presque s’éterniser au comptoir au lieu de sécher son propos dans sa conclusion.

Mais Zillion n’est pas un film à ambition pamphlétaire, c’est un stroboscope euphorisant qui mélange les genres dans un cocktail désinhibé, habité par un casting extraordinairement investi dans ce foutoir qui brille jusqu’au bout de la nuit. En tête d’affiche, Jonas Vermeulen campe le petit-mais-grand Frank Verstraeten avec une énergie confondante, aux côtés du lunaire Matteo Simoni qui envoie le bon goût se faire voir dans la peau du charmant Dennis « Black Magic ». Charlotte Timmers donne corps à Vanessa et à sa double-facette, alors que Barbara Sarafian vole un bon paquet de ses scènes avec cette mère investie qui ne paye pas de mine.

Robin Pront ne tape pas dans la subtilité avec son Zillion, portrait aussi trash, tachant, euphorique et un brin stupide que l’histoire de ce nightclub explosif. Un film vulgaire ? Oui peut-être. Mais c’est avant tout ça, son intérêt et le réel sens de son propos. Être, à l’instar du fait divers et des figures improbables qu’il adapte, un sale gosse profondément puéril, un peu nihiliste, mais surtout profondément électrique, assurément excessif et certainement destructeur. Zillion scrute le chaos en le filmant sur un air d’Eurodance, avec personne aux platines et tout le monde sur la piste de danse.

Titre original: ZILLION
Réalisé par: Robin Pront
Casting : Jonas Vermeulen, Matteo Simoni, Charlotte Timmers …
Genre: Drame, Biopic
Sortie le: 21 Juin 2023
Distribué par : CGR Events
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































