Critiques Cinéma

THE COVENANT (Critique)

SYNOPSIS : Lors de sa dernière mission en Afghanistan, le sergent John Kinley fait équipe avec l’interprète Ahmed pour arpenter la région. Lorsque leur unité tombe dans une embuscade au cours d’une patrouille, Kinley et Ahmed sont les seuls survivants. Alors que des combattants ennemis les poursuivent, Ahmed risque sa vie pour transporter Kinley, blessé, en sécurité. De retour sur le sol américain, Kinley apprend qu’Ahmed et sa famille n’ont pas obtenu la possibilité d’entrer aux Etats-Unis comme promis. Déterminé à protéger son ami et à rembourser sa dette, Kinley retourne dans la zone de guerre pour récupérer Ahmed et les siens… 

La carrière de Guy Ritchie est devenue ces dernières années une curiosité bien étrange au sein du paysage cinématographique international. Après son passage chez le live-action Disney (il est d’ailleurs question qu’il revienne mettre en boîte leur nouvelle version de Hercule dans les prochaines années) et les succès en dents-de-scie de ses propositions récentes (de l’échec de son Roi Arthur à ses réconciliations publiques avec le retour aux gangsters colorés The Gentlemen), le réalisateur britannique semble désormais se complaire dans l’expression de ses différentes facettes scéniques, se plaisant à voguer au grès des propositions et des commandes de studios. Ritchie sert alors pour le catalogue Prime Vidéo (après son Opération Fortune en début d’année pour la même boîte) une composition personnelle, co-écrite avec Ivan Atkinson et Marn Davies qui l’envoie en zone de guerre pour explorer un aspect singulier de son cinéma. The Covenant raconte le lien qui unit deux personnages au cœur de l’action américaine menée en Afghanistan. Le premier, le sergent-chef John Kinley, doit composer avec son équipe après un attentat taliban qui a tué leur interprète. Le second, Ahmed, est recruté par l’armée américaine pour remplacer l’interprète en question afin de faire tomber les avant-postes talibans dans la zone.


De ces prémices axés sur le film de guerre dans ce qu’il évoque d’imagerie et de propos classiques, The Covenant propose une mise en scène étonnamment lisse, Ritchie délaissant le style au profit de l’efficacité de ses ruptures de tons. Centrant sa caméra sur ses deux protagonistes aux horizons diamétralement opposés contraints par un drame à l’unité, le réalisateur se dépouille jusqu’à la moelle de ses obsessions et de son maniérisme habituel – à l’exception d’une scène pile au milieu du récit, venant rebattre les cartes de son intrigue pour la revitaliser et ancrer d’autant plus son propos. Car The Covenant est effectivement l’histoire d’un lien, d’une fraternité née de la violence et du hasard, mettant en relief le rôle de la politique américaine au cœur de leur action en Afghanistan, et des moments où le gouvernement a échoué à protéger ses alliés sur place. Guy Ritchie traite du sujet des interprètes et de leurs familles, oubliés par le système tout entier et obligés de fuir ou de se cacher pour survivre aux groupes talibans toujours sur place. S’il manque d’amplitude et de matière pour véritablement devenir un réquisitoire nuancé et argumenté sur le sujet, The Covenant a au moins le mérite d’aborder le sujet au sein de son film de guerre relativement cadenassé niveau style.

En gardant la caméra-épaule et la proximité avec ses personnages tout en dégainant la violence sèche et imprévisible de la guerre, Ritchie s’invisibilise derrière une mise en scène simple et souvent académique, manquant de pêche et d’assurance pour séduire entièrement en fin de parcours. Mais le résultat est malgré tout très satisfaisant, vu à travers le prisme d’un duo de comédiens impeccables dans leurs rôles respectifs. Jake Gyllenhaal signe une interprétation pas toujours au maximum de son potentiel mais furieusement juste dans les grands virages narratifs, alors que Dar Salim campe le cœur du film avec ce père en deuil qui cherche la sécurité pour sa famille.


The Covenant manque parfois le coche pour rentrer dans le top des meilleures propositions de son réalisateur, mais réussit indubitablement son ambition de film de guerre intense et spectaculaire, profitant de son dense casting, de la photographie immersive d’Ed Wild et de la magnifique composition musicale de Christopher Benstead (sûrement le meilleur atout du film) pour déployer son émotion et sa violence brute. Guy Ritchie désosse son cinéma pour imprimer son sens de la dynamique sur un récit qui met en tête de proue le sacrifice, l’honneur et la fraternité.

Titre original: THE COVENANT

Réalisé par: Guy Ritchie

Casting : Jake Gyllenhaal, Dar Salim, Alexander Ludwig …

Genre:  Action, Thriller, Guerre

Sortie le: 23 Juin 2023

Distribué par : Prime Video

TRÈS BIEN

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