AIR (Critique)

Par Pierre Chamb le juin 19, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Sonny Vaccaro, le directeur du marketing sportif de chez Nike poursuit sans relâche Michael Jordan pour conclure un partenariat historique, avec son acolyte, Phil Knight, milliardaire et cofondateur de Nike.

Mondialement connu grâce à ses performances sur le terrain, il est considéré comme l’un des plus grands basketteurs de tous les temps mais il l’est également grâce à son empire marketing, notamment lié à Nike, qui a créé un logo à son effigie. Nous parlons évidemment de Michael Jordan. Qui ne connait pas les paires de chaussures nommées Air Jordan ? Qui n’a jamais vu ce logo ? Et pourtant, en 1984, il était loin d’être évident de deviner cette issue très lucrative pour l’entreprise Nike. C’est donc sur la genèse et le développement de cette collaboration entre le géant de la chaussure et le célèbre basketteur, que le nouveau film de Ben Affleck met la lumière. L’ouverture du film nous rappelle que nous sommes en 1984 et nous fait découvrir un montage sur la pop culture, avec notamment des extrait vidéos de Reagan, l’époque dorée des VHS et des passages de Ghostbusters, le tout bercé par une bande son de l’époque qui nous accompagnera tout du long (Cyndi Lauper, Bruce Springsteen…). Après une introduction sur fond de Money for Nothing (Dire Straits), on découvre Sonny Vaccaro (Matt Damon), présenté comme un parieur invétéré qui finit ses soirées en jouant au craps à Las Vegas, il travaille pour Nike. C’est un dépisteur de talents, à la recherche de basketteurs pour des accords de parrainage. Au cours d’une discussion avec le PDG de Nike, on découvre que dans le secteur des chaussures de Basket, Nike occupe la troisième place derrière Converse et Adidas. C’est un véritable empire de chaussures de course mais aucun basketteur sérieux ne veut signer avec eux. Les ventes étaient en baisse et Phil Knight (le PDG), est prêt à supprimer la division basket.

Pour pallier à cela, on assiste à une réunion entre Sonny et ses collègues afin de savoir quel prochain profil prometteur dans le milieu de la NBA il faut signer. Nike ne voulant pas dépenser énormément, ils recherchent plutôt des potentiels faibles, ce qui n’est pas l’avis de Sonny qui a un don pour repérer les talents, et qui vise beaucoup plus haut, notamment un jeune homme de 21 ans qui a quitté l’université : Michael Jordan. Passant ses soirées à observer le jeune homme, il se repasse en boucle la finale universitaire de mars 1982. Sonny est persuadé qu’il s’agit là de la future star NBA, reste à convaincre le PDG de Nike, Jordan, et surtout la maman de Michael… C’est en cela que réside la force du film, Ben Affleck concentre les négociations non pas sur le sportif en lui-même mais sur la femme en qui il a le plus confiance à l’époque : sa mère Deloris (Viola Davis). Celle qui dirige d’une main de maitre sa carrière sur le plan marketing. Pour réussir à la convaincre, Sonny donne de la voix en livrant un monologue décisif lors d‘un discours entrecoupé d’images d’archives sur la carrière de Jordan. Nike voulait vraiment signer un accord avec lui, l’entreprise a donc vu les choses en grand et décider de créer une chaussure spécialement pour lui. Jordan avait une préférence pour Adidas, mais il a rapidement opté pour Nike, faisant basculer l’entreprise dans une nouvelle ère ainsi que sa célébrité sportive…

Comme à son habitude, Ben Affleck (qui excelle dans le rôle du PDG plein d’autodérision) s’est entouré d’un casting de haute volée. Matt Damon en chef de file est particulièrement investi, il a pris du poids pour son rôle, et donne au personnage une solidité physique, un air désabusé et découragé, mais il est vif d’esprit et possède beaucoup d’humour. On trouve également l’agent excentrique David Falk (Chris Messina) ainsi que Jason Bateman qui incarne Rob Strasser un spécialiste du marketing. On retient aussi des échanges mémorables entre Chris Tucker dans le rôle de Howard White et Marlon Wayans dans le costume de George Raveling, l’entraîneur des Jeux olympiques de 1984. Et pour conclure avec ce magnifique casting, il faut souligner la performance de Viola Davis, qui aide à approfondir l’histoire en jouant sur les émotions étant en cela une véritable force gravitationnelle.

Ben Affleck a l’intelligence de ne pas nous assommer avec des termes trop techniques, il dissèque les nombreuses parties du film avec élégance et prend comme fil conducteur, la pancarte géante énumérant les 10 règles selon lesquelles Nike procède. Ces règles sont dévoilées au fur et à mesure et correspondent parfaitement à la mise en scène du moment. De plus, raconter un partenariat comme celui-ci implique inévitablement de placer au centre de l’histoire, l’homme et l’argent. Pourtant les deux restent ici obscurcis, le visage de Michael Jordan est toujours dissimulé, il n’est montré qu’en vue partielle. Seules les images d’archives nous montrent le véritable Jordan. Ben Affleck signe avec Air un film léger et rythmé, qui délivre des valeurs, comme l’amour, la persévérance, le génie et l’amour. Des images de la finale universitaire, en passant par des noms historiques évoqués, nul doute que ce film ravira les puristes de la NBA et les fans de la première heure du célèbre basketteur, mais pas seulement…