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JEUNE ET GOLRI (Critique Saison 2) Quelques maladresses, mais au bout du compte une réussite…

SYNOPSIS : 8 ans après, alors que Prune et Alma filent le parfait amour, Francis fout tout en l’air en larguant Prune, pour une autre, moins immature. Cette saison, c’est pas l’histoire d’une séparation amoureuse, c’est l’histoire de la séparation forcée d’une belle mère et de sa belle fille. Que faire quand on a mis 8 ans à s’aimer, qu’on s’est mutuellement éduquée, et qu’on a même pas le droit à une garde partagée ? Grandir ? Ou faire un pacte de sang à la vie à la mort contre le reste du monde ? Ou développer une obsession sur la shoah ? Rayez la mention inutile.

En 2021 nous chroniquions la première saison de Jeune et Golri. Souvenez-vous, cette série OCS mettait en scène Prune (Agnès Hurstel), stand-uppeuse de 25 ans qui tombait amoureuse de Francis (Jonathan Lambert), 47 ans…papa d’une enfant de 6 ans, Alma (Jehanne Pasquet), plus mature et surtout beaucoup plus cultivée que Prune. Une guerre s’ensuivait alors entre Prune et cette marmaille indésirable et tous les coups bas étaient permis. Deux ans plus tard la série revient dans une seconde, et il faut le préciser, dernière saison. Oui, nous savons d’ores et déjà que cette nouvelle livraison est conclusive, et le huitième épisode ne laisse aucun doute à ce sujet. D’ailleurs, si dans notre monde il s’est écoulé 2 années, ce n’est pas le cas de la série qui fait un bond de 8 ans tout en changeant substantiellement son concept et son identité. Cela a de quoi surprendre, surtout lorsqu’on n’a pas lu au préalable (ce qui était notre cas) le synopsis de cette saison 2. Mais c’est une bonne surprise. Exit le stand-up comme toile de fond, thématique qui avait de toute façon été largement exploitée en première saison et qui deux ans plus tard perd de sa fraîcheur depuis que la Terre entière a décidé de s’y mettre…exit aussi la dynamique avec Francis et Alma…car 8 ans plus tard, Francis décide de se séparer de Prune, avec qui sa vie stagne inlassablement. Et puis du coup, c’est l’occasion de découvrir une nouvelle Alma, cette fois interprétée par Saül Benchetrit.




Voilà donc 8 ans que Prune joue le même spectacle sans réellement prendre conscience qu’elle s’est enfermée dans une sorte de bulle temporelle. Un spectacle que son entourage ne peut clairement plus voir en peinture, persuadé qu’il est temps de passer et penser à autre chose. Mais Prune ne s’en rend pas compte. C’est d’ailleurs aussi cette inertie et cette déconnexion qui va lui coûter son couple avec Francis. Sauf que voilà, en 8 années Prune s’est largement rapprochée d’Alma, devenant avant tout sa grande sœur et sa meilleure copine plutôt qu’une belle-mère adulte et responsable qui pourrait faire office de modèle stable. C’est sur cette base radicale que démarre la suite de cette histoire : comment va perdurer cette relation forte après la rupture, définitive, avec Francis ? Un  » simple  » postulat de départ, intéressant et rafraîchissant qui va aller plus loin : une telle relation peut-elle ne serait-ce que perdurer dès lors qu’elle est basée sur des fondements toxiques ?



Cette saison 2 est beaucoup plus difficile à juger que la première tant elle est différente mais aussi inégale. C’est à la fois une suite et une nouvelle série, à la fois une saison 2 et un autre univers avec une nouvelle Alma et de nouveaux rapports tissés…et c’est très fort. Il y a une sorte de rupture logique, comme si vous découvriez Mad Max 2 après le premier opus. Cela va même un peu plus loin dans la mesure où cette nouvelle saison est plus dramatique, profonde et mélancolique que la première, offrant par la même occasion une véritable cassure de ton. Ces qualités sont contrebalancées par quelques passages à vide et une Prune parfois exaspérante. Oui, la série a changé, mais pas Prune. C’est d’ailleurs l’idée de départ. C’est en cela que Prune apparaît tout à fait désespérante, elle fait bourde sur bourde, toujours à faire les mauvais choix, alors que 8 ans ont passé et qu’Alma (entre autres) est devenue une adolescente qui en fait les frais. Heureusement, et on le découvre lors de l’avant-dernier épisode, c’était tout à fait voulu de la part des scénaristes : la fin de l’épisode, explosive, violente et dévastatrice psychologiquement va poser les fondations d’un final qui va nous emmener très loin de ce que nous laissait suggérer cette suite de Jeune et Golri. La série prend alors de l’ampleur. Mais avant de parler du final, attardons-nous quand même sur les vrais points faibles : le show s’égare parfois quitte à nous faire décrocher. Nous pensons tout particulièrement à tout le délire autour de Prune et sa grand-mère morte…on comprend l’idée, cela amorce bon nombre de belles choses, mais le parti pris en lui-même était assez raté dans l’exécution (voire même, osons le dire, l’idée de départ était carrément foireuse). C’est d’ailleurs cette sensation de stagnation à un moment donné de la saison qui de prime abord laisse perplexe, comme si le show ne savait pas trop où il allait ou qu’il prenait des détours un peu étranges. On a donc commencé à avoir peur en nous disant que cette saison 2 n’avait plus d’idées après son saut dans le temps (ce ne serait pas la première n’est-ce pas ?)…




Et pourtant, même si certaines « dérives » ne prennent pas davantage de sens une fois tout regardé (une idée bancale reste bancale), la série démontre qu’elle savait parfaitement où elle allait. Prévue initialement sur 3 saisons, Jeune et Golri n’aura pourtant que deux saisons et il ne s’agit aucunement d’une annulation mais bien d’une volonté d’Agnès Hurstel qui révèle avoir finalement décidé de raconter directement ce qu’elle avait imaginé pour son hypothétique saison 3 dans cette saison 2. Peut-être que cette transformation narrative explique quelques maladresses, mais elle n’en demeure pas moins, au bout du compte, réussie. Le final est une explosion d’émotions, nous a arraché une larme et a transformé une saison « sympa mais bancale  » en un objet profond qui a des choses à dire et qui les raconte avec le cœur. Jeune et Golri s’en va par la grande porte malgré quelques frayeurs sur le chemin. Nous serons d’ailleurs curieux de revoir la saison 2 maintenant que nous avons une vue d’ensemble…certaines choses pourraient prendre une autre dimension. Moins maîtrisée sur la durée que sa première itération, cette conclusion n’en reste pas moins plus belle, plus percutante et plus grande par son ambition…jusqu’au dernier épisode qui met une petite claque et que nous avons déjà envie de revoir tant il est beau et dense.

Crédits: OCS

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