Critiques Cinéma

MARCEL LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES) (Critique)

SYNOPSIS : Marcel est un adorable coquillage qui vit seul avec sa grand-mère Connie, depuis sa séparation avec le reste de leur communauté. Lorsqu’un réalisateur de documentaires les découvre dans son Airbnb, la vidéo qu’il met en ligne devient virale et offre à Marcel un nouvel espoir de retrouver sa famille. 

Marcel, avec son look adorable et ses petites chaussures, s’est imposé l’année passée comme un énorme succès populaire aux Etats-Unis, succès propagé par la naissance du projet chez les très prolifiques A24 (qui signaient la même année les hits Everything Everywhere All at Once, The Whale, X et Pearl, entre autres petites merveilles). Le coquillage crée par Dean Fleischer-Camp et Jenny Slate, déjà héros de sa propre série de courts-métrages depuis 2010, s’est vu octroyé l’année passée les honneurs du passage au long-métrage, toujours sous l’écriture de son duo de créateurs en collaboration avec Nick Paley. Un an plus tard, le film débarque enfin en France, avec une émotion toujours intacte. Marcel the Shell (with his shoes on) raconte l’histoire de son minuscule héros-coquillage, une petite créature vivant dans un AirBnB avec sa mamie Connie. Alors que le duo s’est vu tragiquement séparé du reste de leur (très nombreuse) famille, le réalisateur Dean pose ses valises dans la maison et se prend d’affection pour Marcel. Il décide de filmer un documentaire sur cette petite bulle de sagacité et d’imagination.


Sous les traits d’un magnifique faux-documentaire qui ne questionne jamais l’étrangeté de son univers, Marcel the Shell déploie une imagerie particulièrement touchante en animant ses petites créatures à l’intérieur de visuels filmés en condition réelle. Dans un mélange réel/animation, porté par son format documenté à la fois touchant et réaliste, Dean Fleischer-Camp se place dans la peau de son second héros invisible, réalisateur derrière la caméra, laissant la place totale à Marcel. C’est lui la star de son film, moteur d’une série continue de trouvailles artistiques délicieuses. Dean filme le coquillage avec une proximité d’une douceur miraculeuse, confiant à son héros le rythme du récit et les ruptures de ton lorsque l’émotion prend le dessus. Marcel se déplace à l’intérieur d’une balle de tennis qu’il utilise comme taxi, évitant soigneusement le chien de la maison qui cherche constamment à l’attraper, pendant que sa mamie s’occupe de son jardin et des insectes du voisinage. On rentre dans une intimité insoupçonnée dans un jeu que l’on accepte dès son ouverture : Marcel existe, et il est adorable, ça ne fait aucun doute.


Mais le long-métrage réussit aussi son coup en soignant ses dialogues, laissant à Marcel la possibilité d’exprimer ses opinions sur le monde, sur la société et sur l’humain, voguant à chaque fois entre la naïveté, les émotions et une surprenante sagesse. En traitant son protagoniste comme un enfant hors du monde qui découvre avec stupeur la réalité des choses, la rapidité et les contrecoups des réseaux sociaux et les divergences de points de vue, Fleischer-Camp, Paley et Slate (qui nourrit vocalement Marcel avec une sensibilité sensationnelle, aux côtés d’Isabella Rossellini qui bouleverse avec sa Connie) font l’état d’un monde violent qui ne donne pas forcément tout ce qu’on attend de lui.

Mais le film, à l’instar de son coquillage éponyme, fait souffler un salutaire vent d’optimisme et de bonheur, à la fois simple et multi-dimensionnel, à travers un petit bonhomme qui ne paie vraiment pas de mine. Marcel the Shell revient aux fondamentaux en véhiculant la dose parfaite d’émotions, de mélancolie lancinante, de mignonnerie dévorante et d’enthousiasme contagieux dans un parfait mélange des genres. Un film littéralement hybride comme rarement le cinéma sait en faire, à l’ampleur microscopique mais à l’ambition et au cœur immense. Fleischer-Camp et Slate ont donné naissance à une petite merveille artistique, aussi inoffensive qu’elle est introspective et bienveillante. Encore une fois, A24 brise le cœur aussi vite qu’il le reconstruit, et c’est certainement la raison principale de leur succès totalement mérité.

Titre original: MARCEL THE SHELL WITH SHOES ON

Réalisé par: Dean Fleischer-Camp

Casting: Jenny Slate, Dean Fleischer-Camp, Isabella Rossellini …

Genre: Animation, Comédie, Famille

Sortie le: 14 juin 2023

Distribué par : L’Atelier Distribution

EXCELLENT

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