SYNOPSIS : Catherine et Oracio sont conseillers immobiliers et enchaînent les visites de deux biens : une grande maison bourgeoise « piscinable, vue RER », et un petit appartement moderne situé en plein triangle d’or de Bougival. Malgré des visites agitées, ils ne perdent pas de vue leur objectif : provoquer le coup de cœur chez les potentiels acheteurs, le vrai, l’unique qui leur fera oublier tous les défauts. Celui qui leur fera dire « Wahou ! ». 

Nouveau projet de Bruno Podalydès, qui retrouve Karin Viard à ses côtés, Wahou ! vire film à sketchs à l’intérieur d’une agence immobilière. On y suit deux collègues, d’un côté Catherine et de l’autre Oracio, essayant tant bien que mal de vendre deux biens que les clients semblent bouder. Un appartement en travaux dans le « triangle d’or » de Bougival, une grande maison d’époque à côté d’un rail de RER : avec l’aide de leur jeune stagiaire, les deux agents font des pieds et des mains auprès d’une galerie haute en couleurs d’acheteurs potentiels, ne cherchant qu’à provoquer l’effet « Wahou !« qui garantit, selon la légende de l’immobilier, la vente à l’agence. Podalydès joue une narration coupée en deux, en forme d’aller-retour entre Karin Viard et lui-même, mettant en scène ses acheteurs potentiels en tout genre qui font état de certains niveaux d’incertitudes, d’exigences ou de sensibilité émotionnelle, permettant à cette sympathique peinture de renouveler le sens de son humour et ses effets de dialogues. Le film trouve dans son scénario, d’une simplicité extrême, l’occasion à son casting de s’amuser avec les punchlines et les timings comiques, jouant entre l’absurdité de certains (le duo mécanique et opportuniste Manu Payet/Yann Frisch, ou le client taiseux joué par Denis Podalydès) et le malaise d’autres situations (l’engueulade du groupe d’Agnès Jaoui, ou la visite paternelle de Roschdy Zem). Tout en gardant en filigrane certains personnages récurrents (notamment les propriétaires de la maison bourgeoise – un Eddy Mitchell râleur et une Sabine Azéma sensible), Podalydès compose un film aux idées comiques savoureuses, qui s’empêche pourtant de construire toute once de propos. C’est drôle, parfois touchant, mais ça ne raconte pas grand-chose derrière son emballage – et ça n’a d’ailleurs pas l’intention de le faire.

Wahou ! se veut petite fable immobilière sans prétention, prétexte à galéjades et à peinture de personnages barrés, qui joue le rire en opposition à la consistance. On se plait à suivre les galères quotidiennes de Catherine et Oracio, les plaintes abusives et toujours plus absurdes des clients effarés changeant d’avis au dernier moment ou s’engueulant sur le pallier de la maison, peignant les évidentes obsessions modernes de perfection. Par un prisme de perception (tout le monde cherche à voir sa propre idée de la maison/appartement de ses rêves) qui rejoint tous les protagonistes colorés qui arpentent les deux bien immobiliers tout au long du film, ceux-ci servent la composition d’un tableau archi-simpliste mais très fonctionnel sur la difficulté de se séparer de la maison de sa vie, ou l’angoisse évidente du premier achat en couple.

Tout ceci sert de toile de fond à Podalydès pour faire parler sa mise en scène anguleuse et comique, profitant de ses plans fixes pour diriger l’humour à l’intérieur de ses décors qui se répètent inlassablement tant que les biens ne sont pas vendus. On trouve même une certaine poésie aux murs blancs et vides du petit appartement de Bougival, offrant une projection à la fois pour le spectateur comme pour les acheteurs potentiels qui s’imaginent leur vie à l’intérieur.

En dessinant ces mignonnes tranches de vie à l’intérieur d’un procédé théâtral qui n’ambitionne rien de plus que le comique situationnel provoqué par les étranges créatures qui l’habitent, Podalydès signe avec ce Wahou ! une sympathique chronique répétitive et absurde comme il y est habitué. Rien de neuf sous le soleil, on n’est pas sûr d’avoir l’effet « Wahou !  » sur le film, mais étonnamment on commence déjà à s’y projeter et à s’y sentir bien. On n’achète peut-être pas, mais on n’est pas contre une petite contre-visite à l’occasion.

Titre Original: WAHOU !

Réalisé par: Bruno Podalydès