Critiques

LES DESSOUS DE PALM BEACH (Critique) Un divertissement honorable, dépaysant et sexy …

SYNOPSIS : Palm Beach, lieu de richesses et de mystères. Les inspecteurs Lorenzo et Lance enquêtent sur les crimes les plus sordides de la haute société, là où les secrets sont difficiles à déterrer…

Le producteur Stephen J.Cannell aligne les shows télé depuis le mitan des années 70 avec plus ou moins de réussite. Toma ou Chase (1973) n’ont duré que 23 épisodes chacun mais son travail sur 200 dollars plus les frais (1974) qu’il a co-créée avec Roy Huggins sera une réussite totale qui connaitra six saisons. Baretta (1975) ensuite bénéficiera de quatre saisons et même des titres comme Les têtes brûlées (1976), malgré leur courte durée de vie restent encore rediffusées (en France tout du moins). La véritable heure de gloire de Cannell aura lieu durant les années 80 où il est à la tête de nombreux hits : Le juge et le pilote, Agence tous risques, Rick Hunter, 21 Jump Street et son chef-d’œuvre Un flic dans la mafia. Par la suite, il connaitra de gros flops (Broken Badges, Les 100 vies de Black Jack…), quelques retours de flamme (L’as de la crime), une série culte mais un échec public sans appel (Profit) et deux séries qui rencontreront un gros succès public, Les dessous de Palm Beach et Le rebelle.

1991 : Cannell vient de proposer sur la chaine CBS, Palace Guard avec notamment Marcy Walker (Santa Barbara). La série est un véritable four dont seulement l’épisode pilote et deux épisodes supplémentaires sont diffusés sur les neuf produits. Une semaine plus tard, le 7 novembre 1991, la chaine lance Silk Stalkings autre création de Cannell, un pilote de 45 minutes qui présente les personnages sans donner beaucoup de détails quant à leurs vies personnelles et qui n’explore pas non plus outre mesure la profondeur de l’intrigue. Tout juste apprend t-on que la vie de Rita (Mitzi Kapture) est en danger suite à un anévrisme et qu’elle et son partenaire Chris (Rob Estes) malgré un jeu de séduction quasiment constant sont très clairs sur le fait que tant qu’ils seront équipiers il ne se passera rien entre eux et le postulat qu’ils sont les meilleurs amis du monde est clairement énoncé. L’intrigue policière n’est pas très complexe mais efficace et la série se trouve clairement dans un courant au confluent entre Miami Vice et des téléfilms de la collection Hollywood Nights. Un style visuel affirmé (les costumes aux couleurs flashy, les voitures de luxe, un érotisme latent (érotisme est un bien grand mot) disons plutôt une apparence sexy prononcée…), pas de vedette invitée hormis des seconds couteaux mais la présence dans le rôle du supérieur de Chris et Rita de Ben Vereen (Timide et sans complexe produite par… Stephen J. Cannell), Les dessous de Palm Beach a suffisamment d’atouts pour séduire le public et susciter un certain intérêt. D’autant que le thème du générique signé par le compositeur Mike Post reste en tête et le générique et ses images évocatrices font le nécessaire pour attirer le chaland. Dans le second épisode de la saison 1 on sent que la série se cherche mais que le potentiel est là : Le dépaysement, les plastiques avantageuses des interprètes et une production sinon luxueuse, à tout le moins qualitative. On en apprend un peu plus sur les origines de Rita (et sur le nom Lance qui suit Rita Lee), mais Chris Lorenzo reste à ce stade, un beau minet, protecteur de son équipière, dont les anciennes conquêtes amoureuses figurent parfois dans son entourage sans qu’il soit parvenu à une relation stable et durable. On ne sait quasi rien sur lui. Mystère aussi sur le fait que les deux policiers s’appellent l’un et l’autre Sam. Anecdotique mais dans cet épisode, on retrouve Deborah Rennard (qui fut la secrétaire de J.R Ewing dans Dallas dans pas moins de 188 épisodes) et surtout on a droit à un peu d’action ce qui rehausse le sentiment global de ce début de série. Le troisième épisode de cette première saison confirme ce sentiment et la série trouve très vite son rythme de croisière sans pourtant parvenir à se transcender. C’est efficace mais ça reste surtout un produit bien calibré plutôt qu’une oeuvre complexe avec des ramifications dans les sous-intrigues surtout qu’elles sont absentes des scripts. Les dessous de Palm Beach est une série de network, donc rien d’étonnant à ce postulat et l’on est clairement sur un divertissement adulte, rien de plus, rien de moins, mais ce ne sont clairement pas les scénarios qui sont privilégiés.

Les deux premières saisons sont diffusées sur CBS dans le cadre d’un « umbrella title » (un bloc de séries différentes diffusées successivement ou alternativement) titré Crimetime After Primetime mais quand le bloc est abandonné, la série bascule sur la chaine USA Network à la rentrée 1993 pour sa troisième saison. La série se poursuit en pilotage automatique avec des épisodes plus ou moins forts mais reste dans sa zone de confort. Ben Vereen quitte le show et est remplacé par le colérique mais protecteur capitaine Lipschitz interprété par Charlie Brill. Il faudra attendre la moitié de la saison 5 pour que la romance qui couve depuis les tous débuts entre les deux protagonistes connaisse enfin sa concrétisation. Le relation entre Rita et Chris suivi de leur mariage ravit les fans de la série, mais cette joie sera de courte durée car le personnage de Chris est purement et simplement tué par les scénaristes entrainant le départ de Rita qui ne parvient pas à se remettre de cette perte, entérinant ainsi les velléités de départ récurrentes de Mitzi Kapture et Rob Estes. La première, après s’être adonnée aux joies de la maternité, est revenue dans la lumière trois ans plus tard en intégrant la distribution dans la saison 9 d’Alerte à Malibu puis entre 2002 et 2005 elle obtient un rôle dans Les feux de l’amour. Quant à Rob Estes, on le verra trois saisons durant dans Melrose Place puis dans le reboot de Beverly Hills mais aussi dans de multiples séries et téléfilms (dont La blonde et le privé avec Pamela Anderson, où il interprétait le personnage de Mike Hammer, adapté des romans de Mickey Spillane). Les deux héros sont remplacés dans le courant de la saison 5 par Holly Rawlins et Michael Price (Tyler Layton et Nick Kokotakis) mais le nouveau duo ne rallie pas les suffrages et est remercié à la fin de la saison avec pour bilan des audiences en berne. Au début de la saison 6, ils sont remplacés par Cassandra St John et Tom Ryan (interprétés par Janet Gunn et Chris Potter (Kung-Fu : La légende continue)). Cette fois, la greffe prend et, sans retrouver le succès initial, les relations entre les deux ex-époux et leur jeu constant du chat et de la souris sont plutôt sympathiques et dureront trois saisons grâce à des audiences qui reprennent un peu du poil de la bête. Cependant, au terme de la saison 8, la série est annulée et l’aventure prend fin. On ne va pas se mentir, Les dessous de Palm Beach n’est pas entrée dans l’histoire de la télévision américaine mais elle reste un divertissement honorable, dépaysant et sexy avec des pointes d’humour et d’action et qui a su durer dans le temps grâce au savoir-faire de Stephen J. Cannell. Il y a pire comme programme.

Les dessous de Palm Beach Coffret 1 Saisons 1 à 4 sortie le 31 Mai 2023 / Coffret 2 Saisons 5 à 8 sortie fin 2023

Crédits : Elephant Films

2 réponses »

Laisser un commentaire