Critiques Cinéma

LES HOMMES DU FEU (Critique)

SYNOPSIS: Philippe, 45 ans, dirige une caserne dans le Sud de la France. L’été est chaud. Les feux partent de partout, criminels ou pas. Arrive Bénédicte, adjudant-chef, même grade que Xavier, un quadra aguerri : tension sur le terrain, tensions aussi au sein de la brigade… Plongée dans la vie de ces grands héros : courageux face au feu, mais aussi en 1ère ligne de notre quotidien.

En plus de trente ans Pierre Jolivet a construit une splendide carrière où il a abordé tous les genres et les sujets divers et variés prouvant magistralement qu’un éclectisme constant n’était pas signe de versatilité mais la preuve d’une curiosité certaine. Que ce soit avec le drame existentiel (Force Majeure), la comédie sociale populaire (Ma petite entreprise), la comédie romantique (Je crois que je l’aime), le polar noir et aride (Mains Armées) le remake (En plein cœur), le drame médiéval (Le Frère du Guerrier) ou le thriller social sombre et âpre (Jamais de la Vie) le réalisateur peut se targuer d’une œuvre cohérente et fascinante. Avec Les Hommes du Feu, la chronique quotidienne d’une caserne de pompiers, il retrouve Roschdy Zem pour la sixième fois et peut se permettre d’user de son talent de conteur associé à son acuité pour aborder les sujets sociétaux les plus complexes pour livrer un film qui semble taillé à sa mesure. En effet, Pierre Jolivet semblait le réalisateur idéal pour s’attaquer à un tel sujet, lui qui parvient sans tomber dans les travers attendus de la comédie potache ou de l’histoire d’amour impromptue sur le lieu de travail, à s’intéresser au quotidien d’une profession finalement assez méconnue tout en collant au plus près de la réalité de ceux qui ont suivis cette voie souvent par vocation ou par atavisme familial. On sent la volonté patente de rendre hommage aux soldats du feu mais sans en faire trop, ni en les rendant plus héroïques qu’ils ne le sont déjà ou en enjolivant leur conditions de travail. La diversité de leurs tâches et le poids de leurs charges sont également abordées dans ce récit rythmé et passionnant qui nous fait découvrir les coulisses d’une profession tellement au centre de la société. Très réussi, le film manque parfois de basculer dans la surenchère mais le rythme reste fluide et le récit ne pâtit jamais de quelques effets appuyés. Pierre Jolivet maitrise son sujet et réussit à ne pas verser dans les clichés par trop systématiques qu’une série comme SOS 18 pouvait véhiculer.

C’est en parvenant à immerger le spectateur dans le quotidien de cette caserne et de nous plonger au plus près du travail épuisant de ces hommes et de ces femmes que Pierre Jolivet, qui n’est jamais dans la pose en enchainant les démonstrations techniques, parvient à l’aide d’une sobriété bienvenue, à conférer sa patte à son récit. Son film met magistralement en valeur ce corps de métier essentiel à nos vies, et Jolivet nous fait nous attacher à ses personnages. Il porte sur eux un regard d’observateur qui sait aussi être empathique et il a la bonne distance pour éviter l’hagiographie et parvenir à ne pas seulement être admiratif. Il réussit aussi à trouver la justesse et la tonalité qui bonifient son propos. L’équilibre entre les missions de sauvetage qui se terminent bien et la lâcheté intrinsèque à l’être humain permet au film d’être non seulement réaliste mais également touchant et sincère, ce qui en fait tout l’intérêt.

En mélangeant des comédiens aguerris (les cinq rôles principaux) et des pompiers de la caserne, Jolivet a relevé une gageure qui était loin d’être gagnée d’avance. L’un des ses acteurs fétiches, Roschdy Zem, lui permet déjà d’être en terrain de connaissance et il sait qu’avec lui il minimise les risques de déception et en effet l’acteur est d’une sobriété qui sert son personnage dans ce rôle de chef sage hanté par un trauma passé, auquel il prête à la fois son sérieux et son intensité. Emilie Dequenne semble parfois en retrait, conforme à un personnage qui doit s’intégrer mais pour le coup sa prestation donne la sensation d’être plus à l’économie alors que le toujours très bon Michaël Abiteboul parvient à faire oublier un accent du sud inattendu avec ce personnage de fort en gueule macho auquel il confère une totale humanité. L’écriture est fine et précise alors que le sujet, hautement casse-gueule de prime abord aurait pu faire sombrer Les Hommes du Feu dans le brasier. Fort heureusement, c’est à une véritable réussite que nous convie le réalisateur de Fred et du Complexe du Kangourou à laquelle on adhère avec l’impression quasi viscérale d’avoir été soi même derrière la lance à incendie. Avec Les Hommes du Feu, portrait juste et précieux de nos héros ordinaires, Pierre Jolivet confirme son talent pour embrasser tous les sujets avec force.

Titre Original: LES HOMMES DU FEU

Réalisé par: Pierre Jolivet

Casting : Roschdy Zem, Emilie Dequenne, Michaël Abiteboul…

Genre: Drame, Thriller

Date de sortie: 05 juillet 2017

Distribué par: StudioCanal

4 STARS EXCELLENT

EXCELLENT

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