Critiques Cinéma

OLD BOY (Critique)

2,5 STARS MOYEN

old boy affiche

Le tweet de sortie de projo:

tweet old boy

SYNOPSIS: Fin des années 80. Un père de famille est enlevé sans raison et séquestré dans une cellule. Il apprend par la télévision de sa cellule qu’il est accusé du meurtre de sa femme. Relâché 15 ans plus tard, il est contacté par celui qui l’avait enlevé…

AVERTISSEMENT: Ce remake du film de Park Chan Wook a été visionné sans avoir vu l’original au préalable.

Spike Lee a été un immense cinéaste. Réalisateur engagé et auteur de brûlots qui parlaient bien mieux que quiconque de la société afro-américaine des années 80/90, il a marqué de son empreinte le cinéma de ces années-là avec des sujets forts, qui au-delà de leur aspect polémique, étaient tout simplement des morceaux de grand cinéma. De Do the right thing à Jungle Fever en passant par Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, Malcolm X ou Summer of Sam, la filmographie de Spike Lee incite au respect même si depuis quelques années, le bonhomme s’est perdu entre films indignes de son talent et controverses inutiles sur les réseaux sociaux. Il avait déjà montré qu’il pouvait être à la tête de films de commande avec le thriller Inside Man en 2006, et même si la grande majorité des observateurs s’accordent pour dire que s’engager dans un remake du film de Park Chan-Wook était on ne peut plus inutile et casse-gueule, laissons les observateurs observer et quant à nous voyons voir ce qu’il est advenu de l’entreprise.

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Sur le papier, le sujet de Old Boy est l’un de ces pitchs ultra efficace qui promet déjà monts et merveilles par le biais d’une seule phrase. Un homme est séquestré sans raisons apparentes durant 15 ans, avant d’apprendre durant sa captivité qu’il est accusé du meurtre de son ex-femme. Puis après être finalement libéré, il est contacté par son kidnappeur… Le début du film nous dépeint le personnage de Josh Brolin comme un père de famille démissionnaire, dragueur et porté sur la bouteille, un type détestable qui prend les femmes pour des objets et en perdition dans son job. Ces premières minutes tentent de caractériser le personnage, puis de conter sa période de captivité en faisant défiler sur l’écran les différents présidents américains ainsi que des images d’actualité évoquant le 11 septembre ou l’ouragan Katrina, éléments  sensés faire comprendre au spectateur le défilement du temps. Seulement c’est un peu appuyé comme effet et pas franchement très fin, d’autant que Spike Lee entrecoupe tout cela d’images de filles en body moulant donnant des cours de fitness afin que le personnage exorcise ses frustrations sexuelles, conférant à ces références un sous-texte sociétal sur le pouvoir des images nauséabondes sur un public américain abêtissant. Seulement cet embryon de critique sociologique s’arrête bien vite pour reprendre la trame de série B qui se dessine sous nos yeux.

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Qui dit série B dit personnage fort et celui de Josh Brolin l’est indubitablement. Non seulement il offre à ce type dont on a volé la vie, une épaisseur, une bestialité, une brutalité et une intensité formidables, mais il démontre aussi une palette de jeu assez incroyable. Mais l’essence d’une série B c’est aussi sa capacité à multiplier les scènes fortes bien qu’improbables et là où le bât blesse, c’est que les coupes effectuées sur le montage final rendu par Spike Lee (près de trois heures de film) sont particulièrement prégnantes. On sent à de nombreuses reprises que le cinéaste n’a pas eu la main mise sur son film et qu’il manque certains éléments qui auraient permis de relier des pans narratifs qui se trouvent ici uniquement survolés. Heureusement Spike Lee est loin d’être un manchot et sa mise en scène est d’une rare efficacité, permettant de passer sur ces manques par la grâce de quelques uppercuts visuels dont il a le secret, mais en sentant bien malgré tout que quelque chose cloche et handicape le film. Le personnage interprété par la divine Elisabeth Olsen plus falot et bien moins charismatique que celui de Brolin, ne permet pas non plus de trancher et de délivrer le film de ses errements. Reste qu’au delà de ces considérations, Old Boy parvient à être une série B bourrine d’assez bonne facture avec quelques scènes d’une violence inouïe malheureusement contrebalancée par des effets visuels plutôt moches.

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Dans ce type de films, il faut bien entendu des méchants à la hauteur d’une intrigue tarabiscotée et noire d’encre. Si Samuel L. Jackson et Sharlto Copley sont relativement convaincants dans la peau de ces bad guys en totale roue libre, ce dernier surjoue parfois un poil trop et finit par agacer quelque peu, au point qu’il soit parfois à la limite de la caricature. Mais le film dans son dernier acte rattrape absolument tout avec un twist final complètement fou, une pirouette tétanisante qui vous scotche au fauteuil et qui à elle seule vaut le déplacement. Alors certes, le film de Spike Lee est loin d’être parfait, il n’est pas celui voulu par son réalisateur, et on ne verra peut-être jamais sa version, sauf à espérer un éventuel director’s cut en vidéo, mais il a au moins le mérite de donner envie à ceux qui ne la connaissent pas de découvrir la version coréenne. Et de savoir in fine, si les observateurs avaient raison de trouver d’avance ce remake inutile!

old boy affiche miniTitre Original : OLD BOY

Réalisé par: Spike Lee

Casting: Josh Brolin, Elisabeth Olsen, Samuel L. Jackson

Sharlto Copley, Michael Imperioli, James Ransone….

 

Genre: Action, Drame, Thriller

Sortie le: 1er janvier 2014

Distribué par : Universal Pictures International France

2,5 STARS MOYENMOYEN

1 réponse »

  1. un film que Thibault Turcas de AnyGivenFilm ne verra pas… :p bien bien bien, j’ai vu l’original, l’ai trouvé exceptionnel sans non plus que je tombe dans les grands éloges, et je verrai certainement son remake… Spike Lee n’a selon moi plus rien fait de vraiment potable depuis… Summer of Sam, mais bon. Je tenterai l’expérience quand même !

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